05.05.10 | MAIS Où SONT-ILS DONC PASSÉS ? Si Renzo Piano et Richard Rogers, les architectes du Centre Pompidou, imaginèrent dans les années soixante-dix un bâtiment de verre, c’était pour affirmer la totale accessibilité du lieu. Pour une culture ouverte au plus grand nombre... Signe sans doute de l’évolution contraire qu’a pris l’établissement public ces dernières années, l’ensemble des rapports d’activité du Centre depuis sa création en 1973, avant même son ouverture au public, ont disparu de son site Internet ( visibles en cache mais aux liens désactivés sur cette capture d’écran). Subitement. Récemment. Sans aucune explication. Le temple de la transparence deviendrait-il le temple de l’opacité ? (Début 2011, seul le « bilan » d’activité 2009 a été mis en ligne mais pas les précédents. Mais ce document relève plus de la propagande que de l’information, tout du moins en ce qui concerne ce qui est nommé envolée de la fréquentation. Jusqu’à mentir effrontément au sujet du « succès public qui ne s’est jamais démenti » depuis l’ouverture du Centre, affirmation qui est justement démenti par les chiffres sur trente ans.)
Pourtant ils étaient encore accessibles fin 2009, pendant la grève qui immobilisa durant trois semaines l’établissement, puisqu’on les utilisa nous-même pour la rédaction de notre article « Centre Pompidou, qu’es-tu donc devenu ? ». Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Restons modeste. Et d’ailleurs que faisions-nous d’autre que d’avoir un regard citoyen sur une institution publique ? Le seul exemple connu d’une telle pratique concerne le Château de Versailles. En juin 2007, après la nomination de Jean-Jacques Aillagon à la présidence de ce prestigieux monument, tous les rapports d’activité en ligne ont pareillement disparu. Le signalant à plusieurs reprises dans nos articles, nous en servant comme base pour nos enquêtes, il fallut attendre juin 2009, au lancement du nouveau site Internet du Château, pour voir apparaître le rapport 2007, puis 2008. Ceux d’avant ne furent jamais remis.
La direction de Beaubourg n’a peut-être pas très envie non plus que le tout-venant mette le nez dans ses affaires et préfère qu’on se contente de ses communiqués de presse triomphateurs repris ensuite en boucle dans la presse. Il est vrai qu’en plongeant dans ces précieux rapports, une autre vérité se fait jour. Plus cruelle. Pas forcément au goût de ses présidents successifs et de l’image qu’ils veulent laisser.
LA VALSE DES CHIFFRES
Ainsi avions-nous constaté la lente dégringolade de la fréquentation globale du Centre depuis le milieu des années 90, que la réorganisation des espaces après deux ans de fermeture sous l’ère Aillagon n’avait pas suffi à enrayer, le Centre perdant de 1996 à 2002, sous sa présidence, près de 400 000 visiteurs ( voir tableau) [1] ! Nous avions également relevé avec étonnement que durant les vingt premières années, c’est la BPI qui remplissait le Centre, le musée national d’Art moderne, pourtant coeur de Beaubourg, n’ayant lui jamais décollé en terme de fréquentation malgré des collections remarquables, dépassant péniblement le million de visiteurs depuis sa création [2].
À la réouverture ultra-médiatisée du Centre en l’an 2000, les expositions bénéficiant pourtant de plus d’espace retrouvèrent une fréquentation standard, sans plus, quand celle du musée agrandi de 4000 m2, connut un pic pour retomber dès l’année suivante puis inexorablement diminuer [3]. En 2006, le musée attirait même moins de visiteurs qu’en 1977 ! La BPI, dont l’accès fut rejeté à l’arrière du bâtiment dans des conditions de confort minimales, perdit, elle, jusqu’à 40% de ses usagers. Au terme de travaux pharaoniques qui avaient pour « ambition à hisser de nouveau le Centre Pompidou au plus haut niveau d’exigence tant en termes de proposition culturelle que de satisfaction et de fréquentation du public » comme le clamait, victorieux, Jean-Jacques Aillagon à l’issue de l’année 2000 [4], avec quelques années de recul, comment ne pas parler d’échec ?
Mais étrangement, à partir de 2006, les chiffres de visite de ces collections ont très fortement augmenté quand celles des expositions ont quasiment doublé ! Impressionnant [5]. De quoi tout de même surprendre.
Pour Alain Seban, énarque nommé à la tête de Beaubourg en avril 2007 grâce à sa proximité avec Jacques Chirac, ce bilan lui doit tout comme il le déclare modestement au Figaro à un an seulement de sa nomination, citant une ribambelle de chiffres : « Je crois avoir insufflé au Centre une nouvelle énergie. Nous avons eu une fréquentation exceptionnelle de 5,5 millions de visiteurs en 2007, soit 6 % de plus qu’en 2006. Le début 2008 restera dans les annales avec 4 50 000 visiteurs pour « L’Atelier de Giacometti », 150 000 pour « Richard Rogers », un record pour un architecte vivant, et déjà 170 000 pour « Louise Bourgeois » à un mois de sa clôture. Ces chiffres saluent, je crois, une programmation inventive, des « Traces du sacré », inaugurée officiellement hier soir, au projet de festival prévu dès le printemps 2009. Le Centre Pompidou est le troisième lieu le plus fréquenté en France, après le Louvre et la tour Eiffel. C’est le deuxième musée au monde par sa fréquentation, devant le MoMA (Museum of Modern Art) à New York. » [6].
Deux ans plus tard, alors que les chiffres de fréquentation sont encore meilleurs, il récidive dans une interview pour FRANCE 3 ( voir vidéo). Pour lui, il y a des « raisons objectives » à ce soudain engouement du public, comme la grande qualité des expositions, Kandinsky, Calder... Et il ajoute une analyse sociologique du phénomène : « il y a peut-être aussi le fait qu’en temps de crise, finalement, la fréquentation d’une exposition, d’un musée, c’est un loisir familial ». Les familles adorent l’art moderne, c’est bien connu.
Lors de ses voeux 2010 au personnel du Centre Pompidou - personnel très remonté après la grève encore récente -, Alain Seban sort de son chapeau des chiffres encore plus extraordinaires ( voir vidéo) : « 2009, ça a été une année de très grand succès, plus 45% pour les expositions, plus 21% pour le musée. Jamais le Centre Pompidou n’a été aussi attractif (...) Par notre travail, par notre détermination, nous avons obtenu des résultats exceptionnels... ». Applaudissements et huées...
Et, sans doute grâce à la crise, la magie continue d’opérer pour l’exposition suivante puisque la rétrospective Soulages, pas pourtant un peintre des plus faciles, attirera selon les sources officielles plus de 502 000 visiteurs, se plaçant ainsi en quatrième position des expositions les plus fréquentées du Centre Pompidou depuis 1977 [7] ! On retrouve la promotion de ces mêmes chiffres triomphants dans la bouche d’Agnès Saal, directrice générale du Centre Pompidou dans une vidéo postée (à voir ci-dessous) par le secteur tourisme de la Région Ile-de-France (phrase rajoutée le 06.10.10).
Si, tout comme le ministre de la Culture, les médias gobent et répercutent les chiffres donnés par le Centre, AFP en tête [8], un seul magazine à notre connaissance tique devant l’invraisemblable : ARTS MAGAZINE qui reste « dubitatif » et soupçonne à demi-mot de petits arrangements avec la réalité, faisant reconnaître au service presse de Beaubourg « qu’aucun organisme extérieur ne vérifie les chiffres » [9].
Car ce qu’omet de dire M. Seban, c’est que la fréquentation globale du Centre incluant non seulement le musée et les expositions mais aussi notamment la BPI stagne depuis trois ans, plafonnant à 5,5 millions de visiteurs [10]. De fait, quand le Centre clame triomphant « Nouveau record de fréquentation pour le Centre Pompidou en 2009 », l’information reprise partout sans vérification est disons partielle pour ne pas dire mensongère puisqu’elle ne concerne que le musée et expos.
DES CHIFFRES GONFLÉS ARTIFICIELLEMENT
Sans douter de l’influence magique de M. Seban, ni remettre en cause la qualité des dernières expositions proposées qui ont pu, dans une certaine mesure, entraîner un afflux de visites [11], il y a d’autres raisons objectives à ces augmentations spectaculaires. Que l’on comprend en consultant ces fameux rapports d’activité que le Centre n’a plus trop envie de livrer au public. Pour cause. La raison de cette explosion relève en fait de plusieurs astuces comptables.
En effet, en 2006, sous la précédente présidence de Bruno Racine, autre énarque proche de Jacques Chirac, une nouvelle tarification a été mise en place au Centre Pompidou, imposant à tous les visiteurs payeurs un forfait unique incluant musée et expositions temporaires quelle qu’en soit la taille. Ce qui est en l’occurence totalement illégal car sans respect pour le client/visiteur qui n’a plus la liberté de choisir de payer pour ce qu’il désire voir mais c’est un autre problème [12]. Cette incitation à tout visiter - ou à déambuler partout - fait mécaniquement augmenter la fréquentation des différents espaces de visite, ce qui est logique. Ce que constate faussement benoîtement le rapport d’activités 2008 du Centre : « La fréquentation du musée et des expositions n’a cessé de progresser sur toute la période 2006-2008 d’application du billet unique » ou « Loin de s’accompagner d’une baisse de fréquentation, le billet unique a, au contraire, coïncidé avec une forte progression de celle-ci après plusieurs années de quasi-stagnation » [13]. Si la direction fait mine d’ignorer le lien de cause à effet évident qu’il y a entre un billet qui permet la visite de plusieurs espaces et l’augmentation de leur fréquentation, une ligne plus loin, elle le reconnaît : « Les visiteurs des expositions n’hésitent plus à faire un tour au musée à l’occasion de leur visite ». Et vice versa.
Ce qui est présenté comme une manière de faciliter l’accès à tous les espaces, y compris aux « expositions les plus exigeantes » - la fréquentation de la Galerie Sud aurait ainsi augmenté de 80% [14] ! - a surtout abouti à en augmenter le prix, l’entrée du musée passant par exemple de 5,5€ à 12€ (13€ depuis 2012) [15]. Curieuse façon de démocratiser la culture. Avec pour conséquence immédiate d’accroître considérablement les recettes de l’établissement comme le note très prosaïquement le rapport, pour le coup reconnaissant le lien de cause à effet : « l’introduction de billet unique (...) a permis une forte progression des recettes de billetterie qui ont augmenté de près de 2 millions d’euros depuis 2005, soit + 31 % ». On voit là le véritable intérêt de cette formule tarifaire unique imposée, alors que le Centre est « engagé dans une dynamisation de ses ressources propres » comme l’énonce A. Seban dans son interview au Figaro déjà citée.
Second phénomène, encore plus contestable, qui explique ces progressions fulgurantes : la fréquentation des espaces se retrouve gonflée artificiellement par le fait d’additionner les entrées comptabilisées électroniquement au niveau 4 (collections permanentes, galerie du musée, galerie d’art graphique) à celles qui le sont au niveau 6 (« grande exposition », galerie 1 + autres expositions, galeries 2, 3) quand il s’agit, majoritairement, du fait du billet unique, des mêmes visiteurs ! C’est-à-dire qu’un individu est compté deux fois, voir trois s’il visite également l’exposition de la Galerie Sud au niveau 1... Phénomène qu’on retrouve dans une moindre mesure dans nombre de musées proposant des expositions temporaires, à l’excès dans certains (par exemple à Versailles), qui existait aussi auparavant à Beaubourg avec le billet couplé « Un jour au Centre » mais qui prend désormais une dimension telle, la formule étant généralisée, que cela fausse totalement la fréquentation réelle du Centre.
Si Beaubourg, comme les autres grands musées nationaux, semble autant obsédé par sa fréquentation, autant qu’une chaîne de télé par son audimat, c’est qu’il est entré à plein dans l’ère de la communication d’entreprise. Par rivalité avec ses « concurrents » en France comme à l’étranger, pour être bien vu du pouvoir et remplir ses contrats d’objectif, pour se retrouver dans le peloton de tête des classements touristiques des sites les plus visités, pour attirer les entreprises mécènes moins philanthropes qu’avides de publicité. Au risque, au final, de jeter le discrédit sur le travail de centaines de salariés oeuvrant au quotidien dans l’ombre pour l’art et la culture qui se mesure en tout sauf en chiffres.
SOUSTRACTION DE PREUVES
Nous étonnant de la disparition du site Internet de l’établissement public du Centre Pompidou de ses rapports d’activité, nous avons adressé un mail au service des archives le 8 avril dernier : « Dans le cas d’une demande précise, le service des archives peut fournir des informations par fax ou par mél » :
Puis, nous avons utilisé le formulaire de contact qui impose « en raison du volume important de demandes, un délai de une à deux semaines (...) nécessaire après réception du message ». A ce jour, nous n’avons reçu de réponse ni de l’un ni de l’autre. Quel malpoli ce Centre Pompidou !
http://www.ina.fr/playlist/art-et-culture/centre-pompidou-travaux-1997-2000.295317.PAC9610306774.oui.fr.html
FRÉQUENTATION DU CENTRE POMPIDOU DE 1977 À 2006
PAGE RAPPORTS D’ACTIVITÉ SUR LE SITE INTERNET DU CENTRE POMPIDOU
DIAPORAMA COLLECTIONS DU MUSÉE
[1] Jean-Jacques Aillagon a été nommé par décret du 28 mars 1996 à la tête du Centre national d’art et de culture Georges Pompidou. Après deux renouvellements - décrets du 26 mars 1999 et 7 mars 2002 -, il en a quitté la présidence le 7 mai 2002 pour entrer dans le gouvernement Raffarin comme ministre de la Culture.
[2] Robert Bordaz, conseiller d’État nommé en 1970 par Pompidou pour mener à bien le projet du Centre, puis premier président du Centre de 1972 jusqu’à son ouverture en 1977 explique dans un livre en partie cet « échec » de par le caractère payant du musée alors que le principe d’accès au Centre est la gratuité. Lire le passage reproduit dans notre article « Centre Pompidou, qu’es-tu donc devenu ? ».
[3] A sa réouverture en 2000, le prix d’entrée du musée avait été baissé comme s’en vantait alors Jean-Jacques Aillagon : « La révision du système de tarification de nos activités, inspirée de notre volonté de participer activement à la démocratisation culturelle, et se traduisant principalement par la baisse significative du tarif d’accès au Musée national d’art moderne (tarif normal 30 francs et tarif réduit 20 francs contre 38 francs et 30 francs précédemment) et par l’inclusion du droit d’accès au Musée à tout billet acheté pour visiter une exposition, a largement contribué à cette réaffirmation de l’identité et de l’activité du Musée national d’art moderne au sein de l’ensemble des activités proposées par le Centre Pompidou et à sa réinscription au tout premier plan des principaux musées d’art moderne et contemporain au monde » (avant-propos / rapport d’activité 2000). Dès l’année suivante, cette baisse fut gommée pour revenir quasi au prix antérieur : entrée du musée 36 francs / 5,49€ (rapport d’activité 2001). Et ce que ne mentionnait pas J.-J. Aillagon, c’est la fin en 2000 de l’accès gratuit au panorama du Centre via les escalators extérieurs, rendu payant pour 20 francs. Il est par ailleurs amusant de noter que Jean-Jacques Aillagon associait la diminution du prix d’entrée au musée à une politique de démocratisation culturelle quand il fait aujourd’hui absolument l’inverse au domaine de Versailles.
[4] Avant-propos par Jean-Jacques Aillagon, Président du Centre Pompidou, rapport d’activité 2000.
[5] Selon la direction de la communication du Centre, la fréquentation cumulée musée + expositions aura été en 2009 de 3,53 millions de visiteurs, soit plus 29% qu’en 2006 quand la fréquentation des seules expositions temporaires aura augmenté de 50,7% par rapport à 2008, ce qui constitue une fulgurante progression in « Nouveau record de fréquentation pour le Centre Pompidou en 2009 » communiqué de presse Centre Pompidou | 12.01.10.
[6] « Alain Seban : « Beaubourg, la maison des artistes » » Propos recueillis par Valérie Duponchelle, LE FIGARO | 06.05.08.
[7] « Succès de l’exposition Soulages avec un demi-million de visiteurs » AFP | 09.03.10.
[8] « Succès pour Kandinsky au Centre Pompidou : près de 703.000 visiteurs » AFP | 13.08.09 ; « Centre Pompidou : hausse de 33% du nombre moyen de visiteurs en 2009 » AFP | 02.01.10
[9] « Quant au Centre Pompidou, il a récemment communiqué sur le succès triomphal de l’exposition Kandinsky. Avec 702 905 visiteurs, elle se classerait en troisième position des manifestations les plus fréquentées depuis l’ouverture du Centre (derrière Dali et Matisse s’il vous plaît). On peut être dubitatif. Cette manifestation aurait donc réalisé un score comparable à celui de »Picasso et les maîtres« (783 352 entrées), s’étendant aussi sur cinq mois, mais autrement plus médiatisée et un temps ouverte la nuit (...) Du côté du service de presse du centre Pompidou, on reste évasif sur les méthodes de comptabilisation des visiteurs. Des capteurs électroniques situés à l’entrée des expositions seraient utilisés. Mais on reconnaît qu’aucun organisme extérieur ne vérifie les chiffres. » L.P. in « La guerre des chiffres » | 10.09.
[10] Pour 2007, le chiffre de 5,5 millions est donné par Alain Seban lui-même dans une interview au Figaro (« Alain Seban : Beaubourg, la maison des artistes » Propos recueillis par Valérie Duponchelle | 06.05.08) ; pour 2008 : « Le Centre Pompidou avec sa bibliothèque ont accueilli 5,5 millions de visiteurs en 2008 dont 2.750.000 pour le Musée national d’art moderne et les expositions temporaires » AFP | 13.08.09, chiffre également cité dans le rapport d’activité 2008 du Centre Pompidou ; pour 2009, ce même chiffre est cité dans l’interview d’Alain Seban par FRANCE 3 (voir ci-dessus).
[11] Il faut également prendre en compte la gratuité imposée par le président de la République depuis avril 2009 des collections permanentes des musées nationaux pour les moins de 26 ans, les enseignants en bénéficiant déjà au Centre Pompidou.
[12] La pratique commerciale de vente subordonnée qui contraint le « client » à acheter plusieurs services pour ne profiter que d’un seul est interdite par le Code de la Consommation, article L122-1 : « Il est interdit de refuser à un consommateur la vente d’un produit ou la prestation d’un service, sauf motif légitime, et de subordonner la vente d’un produit à l’achat d’une quantité imposée ou à l’achat concomitant d’un autre produit ou d’un autre service ainsi que de subordonner la prestation d’un service à celle d’un autre service ou à l’achat d’un produit ». Nous avions saisi en juillet 2009 la Répression des fraudes en ce qui concerne le Château de Versailles qui use de pratiques tarifaires contestables. La direction générale de cette administration nous a répondu en novembre 2009 que, selon elle, l’interdiction ne s’appliquait pas à Versailles pour, selon nous, un motif totalement fallacieux. Cependant, elle reconnaissait l’illicéité de la pratique dans certains cas qui correspondent au Centre Pompidou : « Concernant la vente liée de deux prestations culturelles telles que la visite d’un monument historique et une exposition, ou encore la visite de plusieurs expositions, dans certains cas spécifiques, la globalisation peut être légitime. Ceci peut résulter de contraintes matérielles (configuration des locaux rendant difficile la disjonction des prestations) mais aussi d’un choix délibéré de politique culturelle (connexité thématique, etc...). Mais dans certains cas la licéité de la vente conjointe d’une prestation permanente (visite de monument ou d’une exposition permanente) et d’une exposition temporaire pourrait être discutable » Alain Gras, sous-directeur à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), lettre à Bernard Hasquenoph | 09.11.09. Enfin, la forfaitisation musée + expositions peut se concevoir dans la mesure où l’accès aux expos est offert dans le billet du musée qui ne subit aucune augmentation, cela s’appelle alors une mesure de démocratisation culturelle.
[13] Hausse de 17,4 % en 2007 et 2008 de la fréquentation des collections permanentes / RA 2008
[14] « La fréquentation de la Galerie 1 a progressé de 5,2 % en deux ans et, dans le même temps, celle des expositions plus difficiles d’accès, Galerie 2 et Galerie Sud, ont respectivement augmenté de 17 % et 80 % » RA 2008.
[15] En 2003, le billet d’entrée du musée national d’Art moderne était à 5,50€ pour 12€ en 2010, soit une progression de 120%. Oscillant selon les périodes de 10 à 12€, le billet unique imposé inclue collections permanentes du musée et expositions temporaires quelle qu’en soit la taille. Jusqu’en 2006, la grande exposition annuelle était visitable isolément pour 8,50€. Autre étrangeté du Centre Pompidou, on ne trouve nulle part dans les rapports d’activité le pourcentage de fréquentation des publics exonérés du droit d’entrée aux collections permanentes. Peut-être parce qu’il est extraordinairement élevé. A compter du 1er janvier 2012, le billet est passé à 13€