19.01.12 | PAR COURRIER en date du 13 janvier 2012, envoyé le 16 et reçu le 17, Guy Cogeval, président du musée d’Orsay, nous enjoint de publier un droit de réponse à l’article publié sur notre site le 9 janvier sous le titre « Le musée d’Orsay autorise la visite en petite culotte » transformé en « Le musée d’Orsay (n’)autorise (pas) la visite en petite culotte » dès que nous avons eu connaissance, par voie de presse, de l’absence d’autorisation du musée pour le tournage de cette publicité Etam contrairement à ce que nous avions pu croire et laisser entendre en toute bonne foi. Le correctif que nous avons publié aussitôt le lendemain où nous reconnaissons notre erreur, présentons nos excuses au musée et relayons les explications de sa directrice de la communication dans un article de Libération mis en lien, n’est manifestement pas suffisant aux yeux du musée puisque le droit de réponse le concerne aussi !
Nous publions très volontiers ce texte avec nos remarques à la suite, bien que la loi ne nous y oblige nullement. En effet, l’article 1 du décret n°2007-1527 du 24 octobre 2007 en application de la Loi pour la confiance dans l’économie numérique, cités pourtant tous deux dans le courrier émanant du service des affaires juridiques du musée, stipule clairement que la procédure du droit de réponse « ne peut être engagée lorsque les utilisateurs sont en mesure, du fait de la nature du service de communication au public en ligne, de formuler directement les observations qu’appelle de leur part un message qui les met en cause. » C’est le cas pour notre site qui laisse la possibilité à tout un chacun de poster un commentaire après nos articles. Cela aurait fait économiser 5,18 euros à l’établissement public. C’est pourquoi nous nous étonnons d’autant plus qu’il soit joint, dans ce courrier de neuf pages, copie de trois documents visant à nous prouver, si jamais nous en doutions, la qualité professionnelle de M. Cogeval, son habilitation à nous adresser un droit de réponse et sa capacité à ester en justice (cliquez sur l’image ci-contre). Chacun interprétera cela comme il voudra. Enfin, force est de constater que neuf jours après que le musée d’Orsay ait fait savoir qu’il comptait demander à la société Etam le retrait immédiat de cette vidéo portant « une grave atteinte (à ses) droits (...) mais également aux droits de tiers » (AFP), celle-ci est toujours accessible sur les sites Internet choisis par Etam (elle en a disparu fin mars 2012) :: Bernard Hasquenoph
DROIT DE RÉPONSE
de Monsieur Guy Cogeval, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie
Dans deux articles mis en ligne les 9 et 10 janvier 2012 sur le site internet www.louvrepourtous.fr intitulés respectivement « Le musée d’Orsay autorise la visite en petite culotte » et « le musée d’Orsay (n’)autorise (pas) la visite en petite culotte », rédigés par M. Bernard Hasquenoph, le Musée d’Orsay a été directement mis en cause et à plusieurs reprises, sans avoir pu s’expliquer ou répondre aux accusations portées à son encontre telles qu’elles y sont relatées.
Il est affirmé au sein de l’article « le musée d’Orsay autorise la visite en petite culotte » que la vidéo publicitaire mise en ligne sur l’internet ayant été tournée au musée d’Orsay « sans que personne ne s’y oppose » constituerait un « faux vrai happening forcément autorisé par le musée ». L’article argue également de la notoriété de la société Etam, « entreprise mondiale », à l’origine de la réalisation et de la diffusion de la vidéo publicitaire, pour affirmer que cette dernière n’aurait jamais pu être réalisée « sans autorisation ». Il est par ailleurs reproché au Musée d’Orsay « l’agressivité » de son personnel mais aussi d’être « prêt à tout pour engranger des recettes ».
Dans l’article rectificatif « le musée d’Orsay (n’)autorise (pas) la visite en petite culotte » , il est notamment affirmé que « les personnes qui filment ne se voient à aucun moment signifiés qu’il est interdit de le faire au même titre que de faire des photos » et que cette action « ne rencontre de résistance de personne ».
Il s’agit d’accusations graves qui sont portées à l’encontre du Musée d’Orsay.
A ce titre, voici les éléments d’information et de rectification que le Musée d’Orsay entend apporter :
1) En application des dispositions du règlement de visite du Musée d’Orsay et du parvis, il est interdit de filmer et de photographier dans l’ensemble du Musée d’Orsay, sauf autorisation préalable expresse du président de l’établissement. De plus, les tournages, prises de vues et prises de sons sont soumis à une règlementation particulière. Ces mesures ont principalement pour objet de garantir la sécurité des oeuvres et le confort de visite des usagers. Or, le président du Musée d’Orsay n’a jamais délivré d’autorisation à la société Etam pour filmer au sein des espaces muséographiques ni a fortiori pour réaliser le tournage d’un film à vocation publicitaire. Au contraire, le tournage a été réalisé en caméra cachée ce qui a empêché les agents de surveillance d’identifier le ou les auteur(s) de la vidéo litigieuse. Le personnel du Musée d’Orsay, dont le professionnalisme mérite d’être relevé, est en revanche immédiatement intervenu pour mettre fin aux déambulations, dans les espaces rnuséographiques, des jeunes femmes filmées sur la vidéo.
2) Le Musée d’Orsay est légalement habilité à percevoir des recettes lors de tournages réalisés au sein de ses espaces muséographiques. Il s’agit d’une redevance pour service rendu due en contrepartie de l’autorisation de filmer ses collections, ces dernières relevant du domaine public de l’Etat.
3) Le président du Musée d’Orsay, très soucieux du respect de l’image de l’établissement qu’il représente, a pu, à de nombreuses reprises, refuser l’accès des espaces muséographiques à certaines sociétés extérieures, qui souhaitaient réaliser des prises de vues photographiques et/ou vidéographiques dont l’objet était contraire à la réputation et aux intérêts d’un lieu aussi prestigieux que le Musée d’Orsay. Ainsi, il n’a jamais fait prévaloir ses intérêts financiers sur sa mission de service public muséal.
4) Le Musée d’Orsay s’est rapproché de la société Etam afin qu’elle procède au retrait immédiat de la vidéo publicitaire en cause des différents supports de communication sur lesquels elle a été publié. En tout état de cause, l’établissement a indiqué à la société Etam qu’il réservait tous ses droits quant à d’éventuelles poursuites judiciaires à son encontre en raison de la diffusion de ladite vidéo.
En conséquence, le Musée d’Orsay conteste la présentation des faits au sein des articles en cause qu’elle considère comme étant inexacts et souhaite porter à la connaissance du public les éléments d’information précités en réponse aux graves accusations portées.
Fin du droit de réponse
NOS REMARQUES
Comme nous l’avons signalé en introduction, le musée d’Orsay a choisi d’ignorer ostensiblement les éléments de notre correctif venant infirmer ce que nous écrivions dans notre article initial. Nous n’avons donc rien à objecter à ce qui nous est reproché puisque nous l’avons déjà reconnu. Nous tenons cependant à rappeler que le musée d’Orsay, par la voie d’une porte-parole dont les propos ont été rapportés par l’AFP le 10 janvier, a admis que ce clip prêtait à confusion : « Le public imagine mal que de telles images aient pu être tournées sans le consentement préalable du musée ni le versement d’une contrepartie financière. Or ce n’est pas du tout le cas. » Mais il est évident que nous aurions dû être plus prudent.
En revanche, affirmer que nous « reproch(erions) au Musée d’Orsay « l’agressivité » de son personnel » est un raccourci un peu facile. C’est même totalement faux alors que nous n’avons fait qu’évoquer les circonstances particulières des actions OrsayCommons. Jamais nous nous permettrions d’avoir un avis aussi péremptoire sur un personnel dont nous connaissons les conditions de travail particulièrement difficiles et pénibles, ici comme dans d’autres musées. Nous avons d’ailleurs soutenu le personnel du musée d’Orsay lors de sa grève fin octobre 2011 quand bien même il serait favorable à l’interdiction photo pour des questions de confort de travail.
De la même façon, nous ne reprochons aucunement aux agents de surveillance un quelconque manque de professionnalisme dans cette affaire - on aura noté l’hommage appuyé de M. Cogeval en ce sens - puisque, le jour du tournage, certainement en raison d’un sous-effectif de personnel, il n’y avait - on nous l’a confirmé en interne -, aucun gardien dans les deux salles où les mannequins d’Etam ont enlevé leurs imperméables et déambulé sous l’oeil de caméras clandestines. On le voit bien sur la vidéo et c’est certainement pourquoi ces salles ont été choisies. Le droit de réponse affirme que le tournage a été réalisé en caméra cachée. Un examen attentif de la vidéo tendrait à prouver le contraire. La scène centrale est montée en champ-contrechamp ayant nécessité la présence de plusieurs personnes pour filmer. Or on identifie parfaitement deux individus dont la position dans l’espace correspond à plusieurs images retenues dans le montage. Aucun des deux ne se cache pour filmer (voir photos ci-dessous et vidéo en ligne).
Précédant les jeunes mannequins entrant dans les salles des Impresionnistes, un homme en veste de cuir marron se positionne à côté d’elle, attendant qu’elles se déshabillent. Puis il les filme en les suivant avec une petite caméra dans une gestuelle très professionnelle. Dans la même séquence, on remarque en face une femme en jean qui filme également en tenant une mini-caméra à bout de bras. Les trois mannequins en petite tenue courent vers elle, s’arrêtent à son niveau puis repartent dans l’autre sens. A ce moment, ces deux caméramans sont dans le champ, ce qui indique qu’il y avait une troisième personne pour filmer.
Ce n’est qu’en quittant ces salles en étage que les jeunes filles vont être repérées pour leur tenue inadéquate. On les voit passer en courant devant un gardien qui, dans la seconde, n’a pas le temps d’intervenir, ce qui est tout à fait compréhensible. Prévenue de la situation selon la procédure, l’équipe d’intervention et de sécurité qui se trouvait à un autre endroit du musée ne pourra pas faire grand chose car elles seront déjà loin. Il semblerait qu’avant de regagner la sortie, les mannequins aient remis leurs impers qu’elles auraient à nouveau quittés pour tourner la dernière séquence. C’est là qu’un conservateur du musée leur aurait demandé des explications et qu’elles se seraient justifiées en racontant qu’elles fêtaient un enterrement de vie de jeunes filles. Puis on les a laissé partir sans se douter du but réel de l’action.
Finalement, ce que vient parfaitement illustrer cette vidéo, c’est l’inapplicabilité de l’interdiction photo. A moins de placer quatre agents par salle, ce qui est irréalisable. Aussi, essayer de nous monter contre les surveillants est vain car nous n’avons jamais nier les problèmes que pouvait susciter la pratique photographique dans leur quotidien. Mais il nous a toujours semblé que la pire manière de régler la question était l’interdiction radicale, pénalisante pour la grande majorité des visiteurs qui souhaitent seulement engranger des souvenirs pour les faire partager autour d’eux - en gros, faire la promotion du musée d’Orsay -, inoffensive pour les oeuvres avec quelques dispositions minimales de mise à distance des tableaux - c’est généralement le cas - et surtout par une gestion raisonnée du flux de visiteurs. C’est vrai ici comme ailleurs.
C’est pourquoi il nous semble qu’il serait intéressant qu’une réunion de réflexion, de concertation et de dialogue puisse être enfin organisée sur la place de la photo au musée, question qui, dans les années à venir, va de toutes façons se poser de manière toujours plus forte, de par l’évolution technologique, la miniaturisation des appareils et leur généralisation massive dans la population. Nier cette réalité n’a aucun sens et c’est passer à côté d’un formidable outil de médiation, de partage et de promotion d’oeuvres du domaine public. Cette réunion pourrait se dérouler au niveau du musée d’Orsay qui nous expliquerait les problèmes particuliers générés par la pratique photographique pour que soit trouvée une solution viable pour tout le monde, personnels comme visiteurs. Une telle réunion pourrait également avoir lieu au niveau du ministère de la Culture car la problématique concerne tous les musées et monuments. Ces rencontres pourraient se faire en présence de membres du collectif OrsayCommons qui rassemble des passionnés de musées et de photos, de dirigeants d’établissements et de représentants de leur personnel, de responsables de la Fédération Française des Sociétés d’Amis de Musées qui a déjà mené une réflexion sur le sujet et de chercheurs qui travaillent précisément sur la question. Dans les prochains jours, nous formaliserons cette proposition que nous pensons constructive, en contactant les uns les autres et en envoyant un courrier à M. Cogeval ainsi qu’au ministère de la Culture. En envoi simple... et sans aucune menace.
Finalement, ce qui nuit à la réputation du musée d’Orsay bien au-delà de la France, n’est-ce pas cette interdiction photo comme en témoigne parmi d’autres Becky, visiteuse américaine, sur le livre d’or virtuel du musée : « I was shocked and disappointed to find that on my recent visit to the museum I could not take any photographs. This policy denies the thousands of visitors the opportunity to use their own artistic views to record their visit. I know I have taken many wonderful photos of the amazing architecture and exhibits. The museum celebrates art and yet is denying it’s visitors a very basic artistic expression. Please discontinue the no photo policy. Don’t let a few visitors who abuse the no flash policy ruin the museum for the rest of us. » :: Bernard Hasquenoph
Bonjour, Je vais peut-être aller à l’inverse de l’opinion de beaucoup de personnes (y compris des responsables du site « Louvre pour tous »), mais je suis absolument en faveur de l’interdiction de photographier. Je fréquente régulièrement Orsay : à l’époque où les photos étaient autorisées, les flashs pourtant interdits crépitaient de toutes part, volontairement ou pas. Je ne suis pas compétent pour dire si le flash est nuisible aux oeuvres, mais il l’est sans conteste pour le confort de la visite, pour ne pas parler des malheureux gardiens qui devaient supporter toute la journée ce traitement contre lequel ils étaient à peu près désarmés. Par conséquent, si 99.99 % des visiteurs avaient un comportement suffisamment civique pour éviter les flash, je serais favorable à l’autorisation de photographier (j’ai d’ailleurs moi-même à cette époque fait des photos à Orsay... sans flash !). Mais comme ce n’est manifestement pas le cas, l’interdiction totale me semble un moindre mal. Cordialement.
On vous suit bien Marc, mais avec cette logique-là on devrait interdire beaucoup de choses dans notre société... à peu près tout. Au lieu d’interdire, pourquoi ne pas sensibiliser le public à cette question ? Il y a certainement plein de choses à imaginer pour lui expliquer la nuisance que le flash représente pour tous, mieux que de simples panneaux. Éduquer plutôt qu’interdire, deux visions du monde.
merci pour cet article je les trouve bien timides avec leurs éventuelles poursuites, ils ont plus peur d’ Etam que de simples citoyens qui s’insurgent sur cette video à juste titre....a bientôt JA