Incroyable ! Suite à la publication de cet article, le commentaire supprimé est réapparu sur le blog de Jean-Jacques Aillagon. Comme par enchantement le 4 mai vers 10h, en même temps qu’un commentaire favorable datant du 26 avril et qui pourtant le 2 mai n’y était pas ! - une succession de problèmes techniques sans doute - suivis de réponses de M. Aillagon dont le plus drôle est qu’il fait comme si n’était contenu dans le commentaire du 2 aucune critique. ARRETSURIMAGES.NET, dans un article reprenant nos infos, a interrogé M. Aillagon qui, reconnaissant avoir enlevé le commentaire, a donné l’explication suivante : « Lorsque qu’un commentaire appelle un débat de fond, je préfère les éditer une fois que j’y ai répondu ». Vu la concision de sa réponse au commentaire critique, le débat de fond attendra... Et tout lecteur habitué de son blog sait que les commentaires en ligne mettent un certain temps avant qu’il y réponde en bloc sans pour autant les retirer avant (« Aillagon, le cyber-forcené de Versailles » par Laure Daussy, arretsurimages.net| 05.05.10).
3 mai 2010 | PERSONNELLEMENT cela nous amuse plutôt et ne nous étonne pas vraiment. C’est lui-même qui nous écrivait par mail, bienveillant malgré nos attaques : « je considère avec respect la liberté de jugements et d’expression ». Se drapant dans des habits de tolérance, M. Aillagon cherche en réalité à contrôler, en bon ancien ministre de la Communication qu’il est, tout ce qu’on dit de lui. Quite, comme Louis XIV - c’est le syndrôme Versailles -, à balayer ce qui vient entraver le chemin de son auto-satisfaction.
On se souvient, pendant l’événement Jeff Koons, de la chape de censure et de plomb qui était tombée sur le Château : interdiction de toute critique pour les guides indépendants sous peine de se voir « restreindre l’accès » des lieux - dès que cela se sut dans la presse, M. Aillagon désavoua le responsable de cette « maladresse » qui n’était autre pourtant que le directeur du développement culturel -, salariés astreints au silence comme on nous l’a confié, refus de la direction de mettre à la disposition du public selon l’usage un livre d’or, fermeture d’un forum participatif sur Internet devant la véhémence des critiques. Seule l’éloge (de la presse) avait droit de cité. Voilà pour l’ouverture d’esprit...
Son blog n’échappe donc pas à la règle. Façonné à sa gloire, s’attachant à cultiver l’image du grand homme de culture qu’il veut être, dans ce grand oeuvre de communication - naïfs sont ceux qui croient qu’il y jette ses pensées au petit matin depuis son pavillon de chasse entouré de rosée - les commentaires ne sont pas modérés, ce qui se conçoit, mais censurés comme ici. On s’étonnait aussi de n’y lire qu’hommages et éloges attendrissants : « Ce blog est un havre de paix et d’intelligence... » (25.03.10) ; « nous vous remercions du cheminement que vous nous offrez... » (26.03.10) ; « Bon courage Monsieur Aillagon, vous n’avez pas démérité » (24.03.10) ; « Cet homme de goût, cultivé, érudit et passionné gère l’image de cet établissement publique avec toute l’énergie et le respect indispensable »(02.03.10) ; jusqu’à un employé anonyme du château qui laisse un message émouvant pour dire exactement ce qu’il faut : « J’ai lu ici et là, qu’il y avait des prétendants à votre poste, certes compétents, mais la continuité est indispensable, quand une personne commence une chose, il est bon qu’elle puisse la terminer, ou encore la poursuivre... car à Versailles, rien n’est jamais terminé » (28.02.10). On ne fera pas l’affront de mettre en vis-à-vis les commentaires d’internautes au bas d’articles parus ici et là dans la presse en ligne. Curieusement, ça n’a rien à voir.
Le commentaire insolent faisait suite au post « Successions successives » datant d’il y a une semaine, dans lequel l’ancien ministre clamait une fois de plus haut et fort son désir ardent de « continuer à Versailles le travail entrepris » répondant à Frédéric Mitterrand qui, dans une interview au JDD, avait fait mine de ne pas connaître le souhait de son prédécesseur tout en indiquant l’avoir rencontré récemment plus de deux heures pour parler de Versailles. Rendez-vous qu’Aillagon, de son côté, n’évoquait pas même sur son blog. Quel pataquès !
Pour en revenir au commentaire de l’internaute qui signait même de son nom, il était loin d’être insultant pour M. Aillagon puisqu’il en reconnaissait le talent et la compétence tout en l’invitant à « tourner la page », sûr qu’il trouverait un nouveau job grâce à son « réseau d’amis ». Plutôt drôle. Mais la pertinence du propos dut déplaire à Jean-Jacques. Ou à l’un de ses assistants. Toujours est-il que le commentaire a disparu le lendemain. Effacé. Le voici :
Capture d’écran 02.05.10 à 20h20
Capture d’écran 03.05.10 à 11h30
UN COMITÉ DE SOUTIEN TRÈS MARKETING
Des flatteries et des éloges, on en trouve aussi sur Facebook, sur la page de son comité de soutien créé « spontanément » par des amis à lui - et non par des supporters anonymes qui auraient été subjugués par son action à Versailles - dont un confidentiel de PARIS MATCH révélait mi-avril qu’il en était en réalité l’instigateur.
Affirmation démentie vigoureusement par deux des créateurs du comité le 19 avril : « C’est bien connu, la presse ne dit pas toujours la vérité... » écrit Emmanuel Berard, l’un de ses anciens collaborateurs au ministère de la Culture, à TV5 Monde puis au Palazzo Grassi, actuellement en charge du marketing dans la maison de vente ARTCURIAL.
Christophe Pinguet surenchérit : « Effectivement, notre action est totalement indépendante. Seulement motivée par la raison. Elle est portée par le constat que JJA a redoublé de talent pour cette mission importante et complexe... ».
Christophe Pinguet, le créateur de ce groupe Facebook, est le co-fondateur avec son compagnon Lionel Laval de l’agence de communication événementielle SHORTCUT EVENTS spécialisée dans le monde du luxe et des entreprises du CAC 40 sans pour autant dédaigner l’univers politique. Mais tout ceci fait bon ménage. L’agence fut ainsi très active durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy puisqu’elle fut missionnée par son staff pour séduire le monde la culture et la communauté gay avant d’organiser le mémorable show de la victoire du 6 mai, à la Concorde... avec Steevie Boulay et Mireille Matthieu [1].
12.05.10 | M. Pinguet n’a pas apprécié - et nous l’a fait savoir en nous téléphonant - que l’on réduise sa riche vie professionnelle à la présence dont, nous a-t-il, il n’est même pas responsable, de Steevie Boulay (que nous aimons du reste beaucoup et lui aussi) et de Mireille Matthieu (RAS) le soir de la victoire de M. Sarkozy. C’est vrai que c’est un peu réducteur. Et là où nous voyons de l’ironie, il y voit du dénigrement. Alors pour réparer l’affront, nous proposons de visionner cette vidéo présentant ses multiples activités :
SUITE DE L’ARTICLE - Le couple a souvent croisé la route professionnelle de Jean-Jacques Aillagon comme il le raconte lui-même sur son blog le 16 novembre 2009, consacrant à leur agence un post, à l’occasion de la remise à l’un et à l’autre des insignes de chevalier des Arts et des Lettres. Aillagon ne tarit pas d’éloges sur eux : « J’ai beaucoup d’estime pour Lionel et pour Christophe. Il ont réussi à devenir « leader » dans un secteur à la fois dynamique et fragile parce que tout particulièrement tributaire de la conjoncture économique. Ils sont inventifs et fiables, imaginatifs et précis, disponibles et rigoureux et toujours très amicaux » [2]. Avec de tels compliments, ils pouvaient bien se mobiliser pour lui ! Ce qu’ils font donc.
Le quatrième co-fondateur du comité de soutien est Francois Belfort, actuellement directeur des manifestations et des événements au Grand Palais. Depuis toujours dans l’événementiel, il a occupé les fonctions de directeur de la production au Centre Pompidou de 2000 à fin 2003, Jean-Jacques Aillagon en y étant président jusqu’en mai 2002.
Il est intéressant de noter que ce comité de soutien pour la nomination à la présidence du fleuron de notre patrimoine national est animé par des professionnels du marketing et non directement de la culture, encore moins du monde des musées. A l’image selon nous de la manière qu’a Jean-Jacques Aillagon de diriger Versailles. Très révélateur. Dans le groupe qui peine à dépasser les 500 supporters, ce qui n’est déjà pas si mal, comme personnalités notables, on trouve Christophe Beaux énarque devenu président de La Monnaie de Paris, Frédéric Martel écrivain et chercheur, la productrice de télé Dominique Cantien, Laurent Kupferman écrivain et acteur ou Adrien Goetz historien et romancier dont on se demande un peu ce qu’il fait là vu l’interview qu’il a donné récemment au Monde où, tout en saluant l’entrée de l’art contemporain à Versailles, il dénonce les conséquences perverses de la loi Aillagon sur le mécénat, s’en prenant vertement à la fameuse grille Royale restituée devant le Château dont l’ancien ministre est pourtant à l’origine. Il faut donc se méfier à qualifier trop rapidement de supporters tous les membres d’un groupe Facebook, d’autant que certaines personnes le sont en même temps d’Aillagon que de notre groupe Louvre pour tous ! Mais la vraie star du comité soutien est sans conteste l’animateur de télé Stéphane Bern à qui Aillagon a commandé un livret pour un prochain spectacle sur le Bassin de Neptune. Un appui de taille.
UN « BON BILAN » BASÉ SUR DES CHIFFRES FAUX
Le groupe, comme matière à son action de lobbying, cite en introduction un long extrait de l’article de Michel Guerrin paru dans Le Monde le 24 mars dernier, dithyrambique sur l’action de Jean-Jacques Aillagon à Versailles. Du grand journalisme ! Le rédacteur de ce journal réputé sérieux assène, comme une parole d’évangile, que « son bilan est bon » s’appuyant sur une « excellente fréquentation (...) en partie liée à une politique d’expositions temporaires » : « L’établissement qu’il dirige, un des plus visités de France, a battu des records de fréquentation : 6 millions de visiteurs par an pour le château, 10 millions pour l’ensemble du site ».
Que M. Guerrin milite pour la reconduction de M. Aillagon, c’est son droit. En tant que citoyen parce que comme journaliste, c’est discutable. Encore faudrait-il s’appuyer sur des données fiables. Car nous voudrions juste lui signaler, tout comme au comité de soutien à Jean-Jacques Aillagon, que les chiffres cités sont faux et qu’au contraire la fréquentation est en baisse au domaine de Versailles. Et pas qu’un peu. Nos informations, loin d’être fantaisistes, sont extraites du dossier de presse de la dernière conférence annuelle du président du Château de Versailles consultable en ligne. L’année 2009 a recensé 5,4 millions de visiteurs, soit 600 000 de moins que le chiffre indiqué par Le Monde. En baisse de plus de 200 000 visiteurs par rapport à 2008 [3] contrairement au dossier de presse qui ose parler de « fréquentation toujours en hausse ». Et c’est à peine plus qu’en 2007, année d’arrivée de M. Aillagon à Versailles, en juin, avec 5 325 000 visiteurs [4]. Voilà pour son bilan en chiffres. Et encore, il y aurait beaucoup à dire sur ces chiffres artificiellement gonflés.
Quant à celui de 10 millions cité par Le Monde pour l’ensemble du domaine, là on ne relève même pas, tellement c’est n’importe quoi. Du marketing, rien que du marketing vous dis-je ! Ou l’art de faire du vent... Pfff, comme un commentaire qu’on efface.
[1] Lire « Les relais du candidat Sarkozy » in « Le coup d’éclat permanent » par Cathy Leitus, STRATÉGIES | 20.12.07.
[2] C’est Jean-Jacques Aillagon qui les désigne comme un couple, c’est pour cela que nous nous permettons de l’indiquer.
[3] 5 613 851 visiteurs hors jardins en 2008, rapport d’activité 2008 Château de Versailles.
[4] 5 326 318 visiteurs hors jardins en 2007, rapport d’activité 2008.