01. LES KIOSQUES À JOURNAUX PARISIENS, DU 19e SIÈCLE A NOS JOURS
08.02.2023 l SI LES PREMIERS KIOSQUES à journaux “officiels” sont bien apparus à Paris en 1857, on ne les doit pas à l’architecte Gabriel Davioud comme on le lit assez souvent (même sur le site de la Ville de Paris ou sous la plume de défenseurs du patrimoine) bien qu’aucune étude historique ne l’affirme, mais à un ingénieur anglais du nom d’Arthur Grant, identifié jusque-là comme simple concessionnaire. Le 8 avril, celui-ci obtint du préfet de police de Paris, Pierre Marie Pietri, l’autorisation d’exploiter, sans limitation de durée mais révocable à tous moments, des kiosques inédits [4]. Financés grâce à la publicité qui les recouvrirait, rétroéclairés au gaz, ils seraient mis gratuitement à la disposition des marchand·es de journaux abrité·es auparavant dans des baraques de fortune.
Jusque-là, la vente de journaux, groupée essentiellement le long des boulevards intérieurs (extérieurs alors) concentrant la vie parisienne avec ses cafés et ses théâtres, et dont les rédactions étaient proches, était soumise à certaines obligations imposées par la police : être titulaire d’une permission et occuper un emplacement précis [5]. S’il était possible de se signaler le soir par « une lanterne fixée sur un poteau », les abris précaires étaient juste tolérés. Il semble que ceux-ci soient apparus après la révolution de février 1848, avec la prolifération des titres de presse. C’est en tout cas ce qu’affirmait et constatait au mois de juin suivant un journaliste de l’Illustration, dans un article illustré : « L’augmentation du nombre des journaux a eu un autre résultat. Elle a produit le crieur public sédentaire ou le marchand de journaux proprement dit. A chaque coin de rue un peu fréquentée et en face de tous les passages, théâtres, etc., s’élèvent maintenant sur les boulevards de petites boutiques en bois blanc qui s’agrandissent en s’embellissant de jour en jour. Là se montrent sur des tablettes derrière une ficelle les titres des principaux journaux de la veille et du lendemain. Le soir, des lanternes tricolores éclairent cet étalage propret (...) En général, chacune de ces petites boutiques, qui ne changent pas de place pendant la journée, mais qui s’enlèvent entre dix et onze heures du soir ou quand le temps devient par trop mauvais, est tenue par un ménage » [6].
L’un de ses confrères du Charivari se souviendra aussi de ces débuts artisanaux : « Ceux qui nous vendent l’esprit quotidien se contentaient, au coin des rues ou sur les places publiques, d’une vieille chaise et d’une mauvaise table en bois blanc, supportée par un X et tout juste assez grande pour suffire à l’étalage de leur marchandise. Le soir, des lanternes au bout d’un bâton montraient de loin aux passants le titre des journaux se découpant sur une lumière rougeâtre » [7]. Moins de dix ans plus tard, la relative harmonie décrite par notre premier observateur a laissé place à un spectacle plus contrasté. En 1857, ces baraques en planches, « laides » et « sordides » selon un journaliste, donnent « un aspect triste et misérable » aux boulevards selon un autre, qui les décrit encore ainsi : « Ces cabanes vertes, jaunes, rouges, tantôt petites, tantôt grandes, toujours mesquines, vulgaires et dépareillées, offensent évidemment cette magnifique promenade » [8]. Pas mieux du côté du Charivari, l’humour en plus : « Sur les boulevards, tout le luxe des kiosques en était encore à son expression la plus simple. De mauvaises baraques en planche, noircies par le temps, se montraient de place en place, et l’on eût dit la hutte d’un sauvage, même la niche d’un dogue, plutôt que la boutique d’un marchand d’esprit ».
Aussi, l’annonce de leur disparition pour des kiosques « d’un modèle uniforme et élégant » fut accueillie favorablement par la presse, suivant l’avis du Moniteur : « Cette innovation prendra heureusement sa place parmi les embellissements dont la capitale a été l’objet dans ces derniers temps » [9]. De même qu’au Conseil municipal, dont une brève parue dans la presse régionale donne une idée des débats : « On s’est beaucoup occupé, aux dernières séances du conseil municipal, de questions d’embellissements et de convenances publiques, spécialement pour les boulevards de Paris. On y a parlé de kiosques élégants (nouveau système d’affiches) qui seraient affectés à la vente des journaux et qui succéderaient aux ignobles baraques destinées aujourd’hui à ce dernier usage » [10]. Seule réserve émise avec humour par le Figaro, que les marchands « ne se trouvent, sous ces cloches vitrées, exposés de toutes parts aux rayons du soleil, comme en serre chaude » [11]. L’initiative d’implanter à Paris des kiosques à journaux uniformes reviendrait donc au préfet de police Piétri et non au célèbre préfet de la Seine Haussmann comme on le lit aussi très souvent. C’est d’autant plus plausible que cela ne rentrait pas encore dans les prérogatives du second - cela changera deux ans plus tard -, peut-être du fait que le commerce sur la voie publique relevait du premier, et que les deux hommes s’entendaient mal, justement à cause de « l’enchevêtrement des compétences des deux préfectures » [12].
De manière assez troublante, Louis Lazare, le journaliste sans doute le mieux informé des évolutions de la capitale, fondateur de la Revue municipale (ou Gazette municipale qui n’avait rien d’officiel comme son titre pourrait le laisser penser et qui finira par être interdite) avait préfiguré précisément en 1855 le projet à venir des kiosques à journaux, à l’exception du financement par la publicité, déplorant l’aspect des boulevards : « La police aurait dû déterminer la grandeur uniforme de ces baraques, et faire d’élégants pavillons aux proportions symétriques (…) L’Administration trouverait facilement un entrepreneur qui se chargerait de ces constructions à des prix modérés et en rapport avec la situation peu fortunée des vendeurs de journaux » [13]. Avait-il eu vent d’un projet en ce sens ou a-t-il lui-même donné l’idée à l’administration ou à Grant ? Sachant que celui-ci n’était pas en France à cette période, on l’ignore. L’idée était dans l’air.
UNE CENTAINE DE KIOSQUES ILLUMINENT LES BOULEVARDS
Afin d’exploiter sa concession, Arthur Grant crée le 15 juin 1857 la société en commandite Grant et Compagnie au capital de 100 000 francs apporté par son associé, un certain Anatole Houelbecq, 36 ans, avocat et propriétaire, fils d’un notable d’Eure-et-Loir [14]. Grant en resterait cependant le seul gérant. Quelques semaines plus tard, la société, sous le nom de Compagnie d’affichage diurne et nocturne, fait paraître un encart publicitaire dans les journaux pour faire connaître aux annonceurs l’opportunité commerciale : « L’Administration a l’honneur de prévenir MM. les Commerçants qu’elle vient d’établir un mode de publicité dont les incomparables avantages seront facilement appréciés par eux. L’affichage sera visible la nuit au moyen d’un appareil d’éclairage spécial dans l’intérieur du kiosque, dont les parois affectées à l’affichage seront en verre dépoli. Cent kiosques seront placés sur la ligne des boulevards et dans la rue de Rivoli dans le courant d’août prochain, et ultérieurement cent cinquante autres kiosques environ trouveront place sur toutes les grandes voies de circulation, aux angles des rues les plus fréquentées. » [15]. Les personnes intéressées étaient priées de se rendre au siège de l’entreprise, au 161 rue Montmartre, « pour voir le kiosque modèle et prendre connaissance des conditions d’abonnement. »
Dans la nuit du 14 au 15 août 1857, les premiers kiosques furent installés sur les boulevards, soixante-quinze selon un journal, puis vingt-cinq les jours suivants [16]. La date ne fut sans doute pas choisie au hasard, le 15 août, sous le Second Empire, étant jour de festivités à l’occasion de la Saint-Napoléon. La veille, le couple impérial avait inauguré le « Nouveau Louvre ». C’est à cet événement que fait allusion un article du journal L’Illustration signé Laisné, consacré à l’innovation des kiosques, paru deux semaines plus tard. Quasi la seule source connue jusqu’ici de leur installation. Que le texte suggère qu’ils aient bénéficié d’une inauguration, information reprise partout, ressemble plus à une formule de style : « A côté des splendeurs de l’inauguration du 15 août, il s’est glissé parmi les embellissements de Paris une petite inauguration modeste et pourtant coquette, élégante et utile à la fois ; nous voulons parler des pavillons-annonces, appelés kiosques lumineux, et qu’une compagnie vient, sur l’autorisation de M. le sénateur préfet de police, de substituer aux hideuses baraques de marchands de journaux. Ces échoppes disparates et sordides choquaient la vue, principalement sur nos admirables boulevards. L’administration les tolérait avec peine et par un pur sentiment d’humanité. Mais leur dégradation devenait telle, leur saleté était si repoussante, que tout faisait pressentir que ces tâches aux embellissements dont la capitale était depuis quelque temps le théâtre, ne pouvaient longtemps subsister » [17]. Grant s’appropriera l’article, l’intégrant (signé d’un G.) à une plaquette publicitaire qu’il diffusera comme guide touristique de la capitale « déposé gratis dans les principaux hôtels, cafés, cabinets de lectures et cercles de Paris » [18].
L’apparition de ces nouveautés dans les rues de la capitale semble avoir été unanimement saluée par la presse. A l’instar du journaliste Anatole Claveau qui, dans une chronique sur la vie parisienne en septembre 1857, en fait cette description admirative et amusée : « Je veux célébrer en prose les kiosques à journaux qui décorent aujourd’hui nos boulevards. Quiconque en a eu l’idée est certainement un homme de goût et d’imagination. Au lieu de quatre ais mal joints, une vitrine en verre dépoli à six façades ; au lieu d’un plafond grossier, en sapin brut, un dôme élégant, quoique un peu affaissé, qui ressemble à certains clochers de vieilles cathédrales ou des antiques pagodes. Sur les vitres, une foule d’annonces de tout genre et de tout prix, qui rappellent aux passants que nous sommes à Paris, et que nous ne sommes pas en Chine. A l’intérieur, ah ! non, ne parlons pas de l’intérieur, l’individu mâle ou femelle qui l’habite a trop l’air d’un melon qui mûrit sous cloche. Il n’en est pas moins vrai que cette enfilade de petits clochetons, séparés par des intervalles égaux, et se prolongeant sur toute la longueur du boulevard, offre de très heureux effets de perspective, et le dispute avec avantage aux colonnes où les théâtres mettent leurs affiches. Pour mon compte, je ne doute pas que le commerce des journaux ne leur doive un prodigieux accroissement » [19].
L’article de l’Illustration s’accompagnait d’un dessin de Jules Gaildrau légendé « Kiosques lumineux. Nouveaux bureaux pour la vente des journaux sur les boulevards » (que le Figaro moqua pour l’auto-promotion dont profitait son concurrent en s’y incluant), seule image que l’on connaissait jusque-là de ces premiers modèles. Nous en avons localisé d’autres, rares, dont une, particulièrement intéressante de 1858, plus technique puisqu’il s’agit d’une planche intitulée « Boulevards de Paris. Kiosques lumineux, pour la vente des journaux » (ci-dessus, à droite), qui confirme le dessin de presse [20]. Le kiosque, vitré et octogonal, apparemment en bois, mesurait seulement 2m25 de hauteur (sans le toit) pour 1m22 de large. Il était coiffé d’un dôme surbaissé à la mode turque peu visible, surmonté d’une flèche, elle-même porteuse et entourée de huit curieux panneaux en forme d’affichettes fixés à des piques.
Nous avons trouvé deux autres belles oeuvres, de 1858, représentant les boulevards et incluant ce kiosque (dont nous ne publions que les détails ci-dessus) : une magnifique estampe d’Edmond Morin qui fourmille de détails pour le Monde illustré et une chromolithographie d’Eugène-Charles-François Guérard intitulée « Une queue au théâtre » de la série Physionomies de Paris. Et une vignette humoristique d’octobre 1857 saluant « les nouveaux kiosques du boulevard ». On y voit une marchande houspillant un passant ayant confondu le kiosque avec un urinoir tout proche qu’elle lui désigne : « Mais Monsieur, quand je vous dis que ce n’est pas là ! ». Mieux encore, nous avons identifié l’un de ces kiosques sur une vue stéréoscopique conservée au musée Carnavalet, ce qui permet de la dater plus précisément qu’entre 1850 et 1900, à savoir août 1857 et 1859. Il est intéressant de remarquer que le boulevard est déjà bellement aménagé avant les interventions haussmanniennes, avec ses arbres plantés régulièrement, ses bancs de pierre, ses colonnes-urinoirs et donc ses kiosques. En revanche, aucune de ces iconographies ne permet de connaître la couleur que pouvaient revêtir les édicules. Vert, gris, couleur bois ?
Le texte accompagnant la planche technique nous éclaire par ailleurs sur le contexte : « C’est une idée de publicité qui a donné naissance aux kiosques lumineux dont toute la ligne des boulevards se trouve garnie aujourd’hui. Autrefois les marchands de journaux étaient accroupis dans des guérites en planches, aussi mal jointes que mal taillées, et c’est tout au plus si le revers de ces habitacles incommodes était recouvert de quelques affiches irrégulières et mal posées. On ne peut donc qu’applaudir à la transformation heureuse qui a donné tout à la fois satisfaction aux nécessités du commerce et à celle du bon goût. » Si l’auteur insiste sur l’importance de la publicité dans le dispositif, c’est qu’il a fait l’objet d’un dépôt de brevet d’invention d’une durée de 15 ans de la part de Grant, sous l’appellation de « Système de publicité » [21].
Selon le mémoire descriptif qui ne s’accompagne d’aucun dessin, ce qui n’était pas obligatoire, « l’invention consiste non seulement dans la construction des Kiosques, mais dans la disposition des verres sur lesquels est reproduit la publicité et dans la disposition de l’éclairage qui permet que l’affichage soit lisible également le jour et la nuit ». C’est la « combinaison » de ces différents éléments qui constituerait l’invention car seule la superposition des verres semble vraiment originale : les uns, fixes sur le kiosque ; les autres (sur lesquels était peinte la publicité), amovibles, venant se glisser dessous.
DE MULTIPLES INSPIRATIONS POSSIBLES
En 1857, si le procédé de publicités lumineuses n’avait pas encore été appliqué à des kiosques, il l’avait déjà été pour des urinoirs, l’un des premiers mobiliers urbains à Paris apparus dans les années 1830-1840. On en connaît plusieurs modèles, tous servant de supports publicitaires, notamment d’affiches de théâtres, dont la célèbre colonne dite Rambuteau que l’on voit d’ailleurs sur la photographie du musée Carnavalet, coexistant avec le kiosque de Grant, qui succéda aux colonnes moresques. En juin 1852, un ingénieur du nom de Jean-Baptiste Clavières avait obtenu l’autorisation du préfet de police d’installer, à titre d’essai dans des lieux fréquentés de la capitale, des urinoirs de son invention, brevetés sous le nom de colonne-phare (ci-dessous, à droite). La base en pierre servant d’urinoir, amélioré techniquement pour ne plus exhaler de mauvaises odeurs, se prolongeait par un fût composé de panneaux de verre recouverts d’inscriptions publicitaires, faisant « lanterne » [22].
En août 1853, Louis Lazare en signale la présence place de la Bastille, et le même encore, début 1854, en loue l’effet : « L’éclairage qui rend transparentes les annonces qui sont peintes sur un verre dépoli ajoute à la gaieté des boulevards. Les tons doux et veloutés de la lumière reposent la vue au lieu de la fatiguer comme le scintillement du gaz dans les lanternes actuelles » [23]. Existaient-elles encore en 1857 ? Grant a-t-il pu s’en inspirer ? Pas sûr qu’elles aient été toujours en place à cette date puisqu’en février 1854, l’ingénieur Clavières fut assigné en justice et condamné à une amende (par affiche apposée !) pour avoir omis de les déclarer comme la loi l’y contraignait, malgré l’autorisation obtenue de la préfecture de police.
D’autres sources d’inspiration ont pu nourrir l’aspect du kiosque de Grant, finalement assez rudimentaire dans sa forme de petit pavillon octogonal. Si on ne trouve pas trace iconographique des baraques tant décriées des boulevards, peut-être en existait-il de correctes. On sait que Paris connaissait des kiosques octogonaux, de plus large dimension. Le modèle représenté dans l’estampe de Joseph Félon, la « Loueuse de journaux » (1846) (ci-dessus, à gauche) se retrouvait au jardin du Palais-Royal dont les kiosques perdurèrent longtemps et se modernisèrent tout en conservant le même aspect. L’un était consacré à la « lecture des journaux », indique un guide de 1855 [24]. Le kiosque de Grant en reprend le principe, en réduisant la surface et recouvrant les vitres de publicités. Ce qui diffère surtout, c’est le toit. Plutôt qu’un cône à écaille façon pavillon chinois, il opte pour un dôme surbaissé, façon kiosque turc, peut-être plus à la mode comme le suggère un dictionnaire : « En France, on substitue souvent, dans les jardins, le kiosque turc au pavillon chinois » [25]. En avril 1855, à l’ouverture des magasins de soieries de la Compagnie lyonnaise, 37 boulevard des Capucines, « un kiosque turc servant de cabinet de lecture pour les messieurs qui attendent » est remarqué par la presse, sans qu’on en connaisse l’apparence [26]. Reste les affichettes sur piques, une curieuse fantaisie.
Mais, sans doute, une grande source d’inspiration a pu être l’Exposition universelle, la première en France après Londres, qui fut inaugurée le mois suivant à Paris sur les Champs-Élysées, avec ses multiples stands, vitrines et pavillons se succédant sous la voûte du Palais de l’Industrie, comprenant un quartier oriental avec les pays hôtes de l’Empire ottoman, de Tunis ou de l’Egypte. L’orientalisme est tendance même chez les pays européens. Peut-être Arthur Grant remarque dans le catalogue une fontaine à parfum Rimmel d’un « genre moresque », exposant de la section britannique. Encore faut-il qu’il fut à cette époque en France...
« THE INVENTOR OF THE BOULEVARD KIOSKS »
C’est le moment de nous intéresser à Arthur Grant, cet inconnu. Arthur Savile Grant de son nom complet. Les informations glanées ici et là dressent de lui un portrait assez romanesque. Selon Ernest Vizetelly, journaliste anglais de ses amis qui écrivit des souvenirs sur le Paris de cette époque, Grant, qu’il présente bien comme l’inventeur des kiosques à journaux des boulevards (« the inventor of the Boulevard Kiosks »), aurait été le fils illégitime d’un ancien diplomate [27]. Ce qui pourrait signifier qu’il avait été un enfant abandonné puisque nous avons découvert qu’il était né à Rio de Janeiro, au Brésil, où il avait été « recueilli » en 1832, sans mention de parents [28]. Pas plus que dans d’autres documents officiels retrouvés. Etait-il Blanc, Noir, métis ? La question peut se poser, tant la population du Brésil est diversifiée. A-t-il été adopté ? Par un diplomate par exemple ? Cela expliquerait l’aisance du milieu qui semble être le sien ensuite. Était-il anglais ou brésilien ? Cela, non plus, n’est pas très clair, les deux nationalités sont évoquées selon les circonstances, bien qu’il soit plus souvent désigné comme anglais. Toujours est-il qu’il était étranger puisque son fils, bien que né en France, se fera naturaliser à l’âge adulte.
On ignore quelle fut l’enfance d’Arthur Grant. Du Brésil, on le retrouve à Londres en 1851, où il fait partie, à 19 ans, de la première promotion de la nouvelle Government School of Mines and Science Applied to the Arts abritée au Museum of Practical Geology. En 2 ans, on y dispense un enseignement sur l’application des sciences liées à la géologie. L’année est décisive pour la capitale britannique puisqu’a lieu, au Crystal Palace, la première des Expositions universelles. Grant a dû la visiter. A l’école, il se lie d’amitié avec un autre étudiant, âgé de seulement 16 ans, du nom de Julius Vogel. L’année suivante, les deux jeunes gens partent s’installer en Australie, dans le but de profiter de la ruée internationale vers l’or que connaissait l’État de Victoria, colonie britannique, depuis la découverte récente du précieux minerai ! Mais ils ne partent pas complètement vers l’inconnu. Leur but n’était pas de se faire chercheurs d’or mais de mettre à profit leurs connaissances des métaux apprises à l’école faisant elle-même la promotion de la destination. De plus, si Vogel part avec un petit pécule, Grant dispose d’une lettre de recommandation pour le directeur d’une banque à Melbourne, indice de son milieu social. Cependant, leur situation s’avérera instable.
En 5 ans, ils s’essaient à diverses activités, sans grand succès, créant un laboratoire d’analyse de métaux et une société d’import, puis ils se lancent dans le commerce de l’or, avant de vendre des médicaments aux ouvriers des mines et même d’envisager de commercialiser du vin. Mi 1856, lassé de cette vie aventureuse, Grant repart en Europe. Si ce chapitre australien du parcours de Grant est relativement bien documenté, c’est parce qu’il est décrit dans des biographies consacrées à Julius Vogel qui devait connaître, après une activité de journaliste, une carrière politique importante en Nouvelle Zélande, jusqu’à devenir l’un de ses premiers Premiers ministres [29].
Un an plus tard, à 25 ans, voilà Arthur Grant installé à Paris où, première adresse connue, il réside dans le quartier de la Madeleine, au 27 rue Tronchet. En avril 1857, il obtient donc le droit du préfet de police d’installer ses kiosques dans la capitale, qui le seront en juillet après qu’il eut créé sa société. Gérer un tel parc devait être un travail prenant et engendrer son lot de problèmes. Comme celui qui voit « des commissionnaires, des décrotteurs et des marchands de coco » stationner trop près des édicules, empêchant de voir les publicités. Il y eut des plaintes - des annonceurs ? - au point que la police dut prendre des mesures : interdiction de stationner à moins de deux mètres de distances des kiosques [30]. Autre problème, la société Grant et Compagnie s’était engagée à fournir les kiosques sans intervenir dans l’activité de vente elle-même des journaux. Or, la voilà condamnée en justice à verser 200 francs de dommages et intérêts au Monde illustré pour avoir défendu aux marchand·es de vendre comme supplément une carte d’Italie pour en favoriser une autre [31]. Plus positif pour l’entreprise, le Conseil d’Etat trancha une question de droit soulevé par la nouveauté de ces édicules : « Les kiosques lumineux sur la voie publique, à Paris, ne doivent pas être imposés à la contribution foncière et à celle des portes et fenêtres », du fait de leur structure mobile, leur capacité à être déplacés, et leur peu d’emprise au sol [32]
La prospérité semble suffisamment au rendez-vous pour que, fin 1858, la société commerciale A.Grant et Compagnie soit modifiée, dans le but de « donner de l’extension à l’entreprise » [33]. Outre l’exploitation des kiosques à journaux qui a fait l’objet d’un second arrêté préfectoral le 24 novembre 1858 (non retrouvé), la société pourra « entreprendre toute autre branche de publicité et d’affichage ». Désormais Anatole Houelbecq devient co-gérant de l’« ingénieur anglais » Grant qui garde cependant la propriété et la jouissance exclusive de la concession accordée en 1857. Quant au capital social, il est augmenté d’une nouvelle somme de 100 000 francs, apportée pour moins d’un quart par Houelbecq, le reste par 3 nouveaux associés.
Question vie personnelle, Grant prend racine en France. Il demeure maintenant au 13 rue des Fossés-Montmartre (actuelle rue d’Aboukir) qui donne sur la place des Victoires. En août 1858, il épouse une jeune parisienne de 16 ans, Berthe Jeannin, fille d’une veuve d’un chef de bureau à l’administration des Poudres et Salpêtres. Le mariage a lieu à la mairie d’Auteuil (pas encore intégrée à la capitale), puis au temple de l’Oratoire du Louvre en présence d’un certain vicomte de Courcelles. De cette union, naîtra en novembre 1859 un fils unique, Arthur William Louis, à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) où le couple semble avoir une résidence de campagne au 31 bis rue de Saint-Cloud. Dans le registre d’état civil, Grant apparaît comme entrepreneur de travaux municipaux et brésilien.
UN MODÈLE DE KIOSQUE EN CHASSE L’AUTRE
L’année 1859 marque la fin du premier modèle de kiosque à journaux mais pas les affaires de Grant. La loi d’annexion des communes limitrophes de Paris entraîne une modification des attributions des deux préfets. Un nouveau modèle qui deviendra emblématique (sujet du prochain article), est imposé par Adolphe Alphand, ingénieur en chef du service des Promenades et Plantations relevant de la préfecture de la Seine, donc d’Haussmann. Cependant, Arthur Grant en reste concessionnaire, grâce peut-être à son brevet d’invention et à son expérience, à moins qu’une clause de durée ait été ajoutée à l’arrêté de 1858. Lui est confiée également la gestion des colonnes-urinoirs.
Le 3 juin, sa première société est dissoute pour en constituer aussitôt une nouvelle, toujours avec Houelbecq et divers actionnaires. Son objet : « L’exploitation industrielle par l’affichage au moyen de tous procédés quelconques des kiosques pour la vente des journaux et des urinoirs placés sur les quais et boulevards de Paris », ainsi que « toutes autres branches de publicité et d’affichage » [34]. Grant y apporte « l’idée créatrice de l’entreprise industrielle des kiosques lumineux par l’affichage, la jouissance de la concession desdits kiosques accordée à M. Grant par M. le préfet de police de la Seine et la mise en activité de cette entreprise » [35]. Si Grant et Houelbecq restent co-gérants, le second « aura le droit de souscrire seul des effets de commerce au nom et pour les besoins de la société », signe de son ascendance dans l’entreprise. Ce qui advient l’année suivante quand il obtient, en février, le marché des « annonces industrielles », c’est-à-dire des affiches publicitaires, dans les gares et stations de la Compagnie du chemin de fer du Nord, puis, en mai, de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans.
Différent personnel, désintérêt ou garantie d’un niveau de vie confortable, après seulement 4 ans d’activité, Grant se retire en juin 1861 de l’affaire qu’il a créée, contre une rente annuelle de 6000 francs, l’abandon de ses droits sur les kiosques lumineux et la promesse de ne plus s’investir dans le domaine de la publicité [36]. Il demeure dans sa résidence de Ville-d’Avray, près du parc de Saint-Cloud. La société en commandite par actions A.Grant et Cie est à nouveau dissoute puis reconstituée, devenant A.Houelbecq et Cie, Compagnie de publicité diurne et nocturne, Houelbecq quittant en 1862 à son tour l’affaire qui se poursuit avec d’autres, avant de décéder en 1863 [37].
Âgé d’à peine 30 ans, voilà Grant rentier grâce à son invention, dont il tire des revenus substantiels selon le journaliste anglais Ernest Vizetelly et comme le mentionnera encore, en 1888, le registre d’état civil lors du mariage de son fils William [38]. Il gravite, semble-t-il, dans des cercles aisés puisque, raconte Vizetelly, il fréquente Miss Howard, célèbre et richissime maîtresse britannique de Napoléon III dont elle finança l’ascension et la prise de pouvoir en France avant d’être écartée. Elle réside alors au château de Beauregard, à La Celle-Saint-Cloud, où Grant lui rend visite. Elle s’éteint en août 1865 à 42 ans.
Cependant, Grant a-t-il vraiment quitté les affaires ? A l’été 1859, la presse française signalait l’apparition dans les rues de Londres de kiosques lumineux sur le modèle parisien [39]. Y était-il pour quelque chose ? Toujours est-il que, soucieux de sa réputation, il n’hésite pas à adresser en 1866 un courrier au quotidien satirique Le Charivari, que celui-ci publie, pour rectifier une erreur le concernant : « Dans l’article sur les kiosques publié dans votre numéro du 7 courant, vous attribuez l’idée de cette création à M. le préfet de la Seine. La pensée première de cette création, dont le modèle a été breveté, m’appartient. J’en ai été le concessionnaire personnel, par autorisation de M. Piétri, préfet de police, en date du 8 avril 1857. A la suite de cette concession j’ai, à mes risques et périls, construit des kiosques qui furent tous posés dans la nuit du 15 août suivant... » [40]. En effet, le journaliste Robert Hyenne avait consacré un long article à l’historique de ce type de « boutiques d’esprit », en attribuant tout le mérite au préfet cher à Napoléon III : « Alors sire Haussmann vint, qui le premier en France... » [41]. De fait, Arthur Grant sombrera dans l’oubli, éclipsé par l’imposant préfet... Si la période de ses kiosques a été relativement courte - moins de deux ans - Arthur Grant n’en reste pas moins l’inventeur du concept. Et, de toute évidence, son modèle de kiosque a servi de base pour l’élaboration du suivant. Mais Grant n’en a pas tout à fait fini avec les kiosques...
UN RENTIER TRÈS ACTIF A l’INTERNATIONAL
Rentier mais pas inactif, on retrouve Arthur Grant impliqué dans au moins deux événements internationaux. En 1864, c’est par l’intermédiaire de son ancien camarade Julius Vogel qui débute alors une carrière politique en Nouvelle-Zélande, qu’il devient l’agent français d’une exposition universelle programmée l’année suivante à Dunedin, dans la région d’Otago. Colonie britannique, c’est le ministre des Affaires étrangères qui le nomme depuis Londres. Sa mission est de « se mettre en rapport avec les industriels et les chambres de commerce » de France pour y envoyer produits et marchandises [42]. Visiblement la mauvaise image dont souffre cette contrée lointaine, en proie à des conflits avec les populations autochtones, les Maoris, et le contexte international ne facilitent pas la tâche. Le ministre français du Commerce en personne adresse des lettres de recommandation dans les régions pour convaincre les entreprises d’y participer, Grant prévoyant d’affrêter deux navires « pour transporter à Dunedin le contingent de l’Angleterre et de la France » [43]. La manifestation, qui durera 4 mois, attirera environ 30 000 personnes pour 700 exposants.
En 1878, c’est à l’occasion de l’Exposition universelle, à Paris, qu’il s’investit dans la section de la colonie australienne de Victoria qui doit lui rappeler sa jeunesse. Y est exposée une spectaculaire pyramide représentant la quantité d’or extraite depuis 1851, ainsi que de la laine, des vins et même « une intéressante collection d’armes indigènes » [44]. Le journaliste Vizetelly rapporte une anecdote amusante [45]. Lors de la visite du Prince de Galles et de sa suite dans cette section, peut-être le jour de l’inauguration le 1er mai, Grant bloquait l’entrée au tout-venant, commettant l’impair de refuser l’accès au duc de Manchester, puis à un autre étranger avec qui il eut cet échange : « - Que voulez-vous ? - Je veux parler à mon beau-frère - Votre beau-frère ? Il ne peut pas être ici. Seul le Prince de Galles et son groupe sont à l’intérieur - Mais le prince de Galles est mon beau-frère. Je suis le prince héritier du Danemark. » Sur ce, Grant abandonna la partie, laissant entrer tout le monde.
On n’en sait guère plus sur les activités d’Arthur Grant durant toutes ces années, si ce n’est qu’en 1884, à 52 ans, sa situation change. Son ancienne société perd le marché parisien des kiosques, avec pour conséquence plausible, la suppression de sa rente. Ce qui expliquerait qu’il réclame à la Ville de Paris la restitution de 132 kiosques, selon lui, lui appartenant - de quel modèle ? -, transmis à tort au nouveau concessionnaire [46]. Ou alors qu’on lui verse la somme correspondante de 132 000 francs. On ignore l’issue de cette procédure bien incertaine. Ainsi se termine sa relation aux kiosques à journaux parisiens. Qui se souvient encore qu’il en fut à l’origine ? Personne, semble-t-il, en France. A la différence des pays anglosaxons puisque, avant même la parution des livres d’Ernest Vizetelly, on trouve l’information dans des publications britanniques comme en 1902, dans le sillage de son ami Julius Vogel [47]
SECRET DE FAMILLE ET MISE EN ABYME
Son fils unique, William Grant, semble avoir suivi ses traces. En juillet 1877, un journal local indique qu’« élève du Lycée d’Orléans, [il] vient d’être reçu bachelier ès-sciences à la faculté de Paris » [48]. Plausible donc qu’il soit le même « Grant, William Louis », étudiant pour la période 1877-1880 dans la même école des Mines à Londres que son père [49]. En octobre 1888, William épouse une jeune parisienne, Louise Adèle Bonnet, fille d’un fabricant de dentelles, à la mairie du 9e arrondissement de Paris. Mais il habite Escrennes, petite commune du canton de Pithiviers, près d’Orléans, dans le Loiret. Propriétaire-agriculteur, il réside au château de Montvilliers, dans un hameau à l’écart du village. Cette jolie bâtisse flanquée de tourelles appartenait auparavant à Fernand de Gars de Courcelles, vicomte de Courcelles, décédé, célibataire, en 1885 à 65 ans. Il avait été maire d’Escrennes de 1861 à 1871. Le même vicomte présent au mariage religieux d’Arthur Grant en 1858 ? On touche là à un hypothétique secret de famille, qui n’aurait aucun intérêt s’il ne donnait une curieuse dimension à la destinée de notre ingénieur anglais né sans parents.
Car William serait en réalité le fils naturel du vicomte de Courcelles [50]. Plusieurs indices vont dans ce sens. Outre le château qu’il aurait reçu en héritage, son fils aîné, né en février 1891, recevra comme premier prénom, Fernand (William Albert), comme lui avait reçu celui d’Arthur, son père officiel. Le même mois, William obtient sa naturalisation [51]. Pour effacer sa « fausse » ascendance étrangère ? Néanmoins, le lien familial avec la Grande-Bretagne ne sera pas totalement rompu puisque sa fille épousera un écossais, partant vivre là-bas, et l’un de ses fils ira en Angleterre pour sa lune de miel avec son épouse. Engagé dans son domaine professionnel comme dans la vie publique, William Grant sera maire d’Escrennes à son tour, de 1895 à 1904. Une rue porte son nom. Est-ce Vizetelly qui a confondu les histoires du père et du fils ? Toujours est-il qu’Arthur est bien né sans parents.
Pour finir, ce « secret » mis à jour a bien pu déliter le couple d’Arthur Grant. Au mariage de son fils, on note que les époux n’habitent déjà plus à la même adresse parisienne : 18 rue Cadet pour lui, 28 avenue Carnot pour Berthe. Six ans plus tard, en 1894, fait rare pour l’époque, ils divorcent, à la demande et au profit de madame qui réside désormais chez son fils à Montvilliers [52]. Un an plus tard, le 5 février 1895, Arthur Savile Grant décède à Arcueil, dans une maison de santé d’un certain standing dénommée La Villa moderne, au 15 route d’Orléans. Informé probablement par des employés de l’établissement, l’officier d’état civil donne 61 ans (contre 63) à ce « fils de père et mère dont les noms ne nous sont pas connus », né au Brésil à une date non précisée. Etonnant destin qui mena l’inventeur des kiosques à journaux parisiens de Rio de Janeiro jusqu’à un coin banal de banlieue parisienne. Nous n’avons pas réussi à localiser sa tombe, ni à trouver son portrait. Peut-être les Duffy, ses descendant·es en Ecosse, en possèdent un... [53]
[1] La source quasi unique sur l’histoire du mobilier urbain haussmannien provient des recherches de Marie de Thézy, conservatrice en chef chargée des collections photographiques dans les années 1980 à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (Paris, la rue : Le mobilier urbain parisien du Second Empire à nos jours à travers les collections photographiques de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, catalogue d’exposition, Bibliothèque historique de la ville de Paris, janvier-mars 1976 ; Le mobilier urbain à Paris, Cahiers du C.R.E.P.I.F. n°56, 09.1996). Elle-même déplorait l’absence d’études sur le sujet. Il semble bien qu’elle n’a pas non plus été suivie. De même, la personne de Gabriel Davioud, considéré comme le père du mobilier urbain parisien, peut-être de façon exagérée, n’a fait l’objet que d’un seul ouvrage, catalogue d’une exposition à l’occasion du centenaire de sa mort, sous la direction de l’historien de l’art Dominique Jarrassé : « Gabriel Davioud, architecte (1824-1881) », Délégation à l’action artistique de la Ville de Paris, 1981.
[2] « Les kiosques que vous voyez sont des plagiats d’haussmanniens qui sont en plastique, qui ont été installés dans les années 80 », Anne Hidalgo, Le Grand rendez-vous, Europe 1, 10.07.2016.
[3] Adrien Goetz, « Le syndrome des fontaines Wallace », lefigaro.fr, 03.02.2020.
[4] Arrêté du 8 avril 1857, non localisé mais cité à plusieurs reprises dans la presse, notamment dans des annonces légales (Le Droit, 27.06.1857).
[5] "Vendeurs d’écrits sur la voie publique”, ordonnance du 20 juin 1849, préfecture de Police, in Gazette municipale de la Ville de Paris et de ses banlieues, 1849.
[6] L’Illustration, 10.06.1848.
[7] Le Charivari, 07.09.1866.
[8] La Presse, 08.07.1857 ; Gazette municipale - Revue municipale, 16.06.1855 & 20.07.1857.
[9] Gazette de France - Le Moniteur universel, 30.06.1857.
[10] Le Mémorial des Pyrénées, 28.07.1857. Les archives du Conseil municipal parisien de cette période ont disparu dans l’incendie de l’Hôtel-de-ville en 1871 et les débats du conseil municipal ne faisaient pas l’objet de compte-rendus (Michel Carmona, Haussmann, Fayard, 2000, p.271).
[11] Le Figaro, 30.07.1857.
[12] Michel Carmona, Haussmann, Fayard, 2000, p.276.
[13] Gazette municipale, 16.06.1855.
[14] Le Droit, 27.06.1857 ; La Gazette des tribunaux, 16.06.1859.
[15] Nous avons corrigé les fautes d’orthographe, dans cet encart comme dans les articles qui suivent.
[16] La Presse, 03.08.1857. Information corroborée par Grant lui-même qui, bien plus tard, évoquera « la nuit du 15 août » (Le Charivari, 13.09.1866). L’Illustration parle du 15 août (29.08.1857).
[17] L’Illustration, 29.08.1857.
[18] Paris industriel - Guide illustré, Compagnie des kiosques lumineux, 1858.
[19] Le Courrier franco-italien 03.09.1857.
[20] Album pratique de l’art industriel, 1858.
[21] Brevet d’invention « Système de publicité », Grant, 02.09.1857, Archives INPI.
[22] Brevet d’invention « Colonne-phare et urinoir », Jean-Baptiste Clavières, 21.05.1853, Archives INPI.
[23] Gazette municipale - Revue municipale, 01.08 & 16.02.1854.
[24] Paris illustré. Son histoire, ses monuments, ses musées, son administration, son commerce et ses plaisirs. Nouveau guide des voyageurs... publié par une société de littérateurs, d’archéologues et d’artistes, Hachette, 1855.
[25] Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française. Tome 2 par M. Bescherelle aîné, chez Garnier frères, 1856.
[26] Le Pays : journal des volontés de la France, 12.04.1855.
[27] Il le cite dans deux livres différents pour deux anecdotes et, à chaque fois, précise qu’il est l’inventeur des kiosques parisiens : Ernest Alfred Vizetelly, « Court Life Of The Second French Empire, 1852-1870 (Its organization, chief personages, splendour, frivolity and downfall) », Charles Scribner’s Sons, New York, 1907, p.192 ; Ernest Alfred Vizetelly, « Paris and her people under the third republic », Chatto & Windus, London, 1919, p.81.
[28] Un acte notarié de 1874 délivré pour la reconstitution de son dossier de mariage du 10 août 1858 à Paris (sans doute disparu dans l’incendie de l’Hôtel de ville de 1871) indique qu’il avait été « recueilli en 1832 » à Rio de Janeiro, sans autre précision ni mention de parents, contrairement à son épouse. Ceux-ci ne sont pas plus mentionnés dans le registre paroissial de son mariage religieux au temple protestant de l’Oratoire du Louvre le 14 août 1858. Son acte de décès, que nous avons bien eu du mal à trouver, daté du 5 février 1895 au lendemain de sa mort à Cachan, indique bien sa ville de naissance lointaine mais lui attribue un âge de 61 ans, soit une naissance en 1834.
[29] Raewyn Dalziel, Julius Vogel : Business Politician, Auckland University Press, 1986 ; https://teara.govt.nz/en/biographies/1v4/vogel-julius
[30] « N°741 - Invitation à rendre libres les abords des kiosques lumineux des boulevards », 12.08.1858 in Recueil officiel des circulaires émanées de la Préfecture de Police, 1858.
[31] Le Droit, 04.08.1859.
[32] Recueil des arrêts du Conseil d’état, 01.1859.
[33] Le Droit, 27.12.1858.
[34] La Gazette des tribunaux, 16.06.1859. La nouvelle société a pour raison sociale A.Grant et Cie et nom Kiosques lumineux, compagnie de publicité et d’affichage diurne et nocturne.
[35] Une formule alambiquée introduisant cette phrase, laissant entendre que Grant ne serait pas seul à l’origine des kiosques, semble plutôt être une formule juridique : « M. Grant et les actionnaires dénommés auxdits actes, autres que M.Houelbecq et les trois ci-après indiqués, ont apporté conjointement, de leur chef ou du chef de leurs auteurs... ».
[36] Ces informations émanent d’un article très intéressant du site de l’association Rails & Histoire (qui attribue la paternité des kiosques lumineux à Grant) : « Le chemin de fer et la publicité commerciale », Bruno Carrière, 31.08.2018. L’auteur puise ses sources dans les archives de la Compagnie du chemin de fer du Nord et les archives de la SNCF.
[37] Le Droit, journal des tribunaux, 13.06.1861.
[38] « We had some acquaintance several years ago with an Englishman named Arthur Savile Grant (the illegitimate son of an ex-diplomatist domiciled in Paris) who invented the newspaper kiosks of the boulevards, from which he derived a handsome income. » in Ernest Alfred Vizetelly, « Court Life Of The Second French Empire, 1852-1870 (Its organization, chief personages, splendour, frivolity and downfall) », Charles Scribner’s Sons, New York, 1907, p.192 ; « A friend of mine, Arthur Savile-Grant, the inventor of the Boulevard Kiosks, which yielded him a fair annuity paid by the Kiosk Company », in Ernest Alfred Vizetelly, « Paris and her people under the third republic », Chatto & Windus, London, 1919, p.81.
[39] Le Constitutionnel, 09.07.1859.
[40] Le Charivari, 13.09.1866.
[41] Le Charivari, 07.09.1866.
[42] Le Charivari, 08.09.1864.
[43] L’Industriel alsacien, 18.09.1864.
[44] « Les Merveilles de l’Exposition de 1878 », 1879.
[45] Ernest Alfred Vizetelly, « Paris and her people under the third republic », Chatto & Windus, London, 1919, p.81.
[46] BMOVP, 13.08 & 21.03 & 07.04.1885.
[47] Encart paru le même jour, 08.11.1902 dans : The Chemist & Druggist ; Warder and Dublin Weekly Mail.
[48] Le Journal du Loiret, 15.07.1877.
[49] « Register of the Associates and Old Students of the Royal College of Chemistry, the Royal College of Mines and the Royal College of Science », 1896.
[50] Une affirmation trouvée sur un site de généalogie qui nous a mis sur la piste.
[51] Décret de naturalisations du 23 février 1891. Son père, Arthur, est désigné comme brésilien. Sa femme, épouse d’étranger, est réintégrée dans sa nationalité française d’origine.
[52] L’adresse officielle des époux Grant est au 12 rue Ganneron, Paris. Lui réside au 28 rue Lemercier, cité Lemercier.
[53] Son fils unique, Arthur William Louis Grant (10.11.1859, Ville-d’Avray - 30.05.1923, Enghien-les-Bains) a eu 3 enfants : Germaine Laure Grant (17.06.1889, Escrennes - 06.12.1950, Liverpool), mariage avec Michaël Levis Duffy (14.11.1918), 3 fils (Grant Fernand Duffy, 09.04.1922 ; Andrew Daniel Duffy, 28.04.1926 ; Richard Michael Louis Duffy, 21.03.1927), lesquels ont eu une nombreuse descendance ; Fernand William Albert Grant (23.02.1891, Escrennes - 01.09.1914, Haumont), sans enfants ; Louis Jacques Grant (25.04.1892, Escrennes - 24.02.1975, Paris 16), 2 mariages, sans enfants.