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Les Franciscaines à Deauville, tiers-lieu de luxe

Bernard Hasquenoph | 5/05/2022 | 18:39 |


Loin de son image élitiste, la municipalité de Deauville a ouvert un lieu culturel hybride pour tout public. Musée-médiathèque abritant fablab, auditorium et restaurant, l’établissement ultra-design entend bousculer les codes et décloisonner les usages.

05.05.2022 l COMMENT QUALIFIER L’ENDROIT ? Un panneau de signalisation aperçu à un carrefour de Deauville, a réglé la question. Les Franciscaines, c’est un centre culturel. Un terme générique qui n’est pas faux mais qui ne rend pas compte de l’originalité du lieu. Comme son nom le suggère, c’est d’abord un ancien couvent. A l’origine orphelinat pour filles de marins créé en 1875 par des laïques, elles le confient rapidement à des sœurs franciscaines qui y fondent une communauté qui comptera jusqu’à 200 religieuses.

Après plusieurs étapes et adjonctions, le lieu, connu comme l’institution Saint-Joseph, se mue en clinique, en école ménagère pour jeunes filles puis en lycée d’enseignement professionnel. En 2011, la charge de l’entretien des bâtiments historiques devenant trop lourde, les sœurs, qui ne sont plus que 15, migrent vers des constructions neuves édifiées juste à côté, vendant à la ville, pour 4,2 millions d’euros, leurs anciens locaux. Pas pour n’importe quel projet. « Si c’était pour démolir notre maison, nous ne l’aurions pas vendue ! », déclarait en 2012 la responsable de la congrégation [1].

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L’orphelinat St-Joseph, Deauville, en 14-18 l Orphelinat Saint-Joseph, début 20e

La municipalité n’en avait pas l’intention. Bien au contraire. Souhaitant y installer « un centre de vie et de culture ouvert à tous », son choix était de « réinvestir un lieu d’histoire plutôt que de construire un nouvel équipement », ce qui avait été, malgré tout, un temps envisagé puis abandonné pour une question de coût [2]. « La réhabilitation des Franciscaines s’inscrit dans une vision durable : du passé vers l’avenir et dans la continuité de la politique de protection d’ensembles patrimoniaux », précise le magazine municipal. Ce qui, loin des discours alarmistes sur la sauvegarde du patrimoine, est la grande tendance des collectivités partout en France depuis un certain nombre d’années. Pour Alain Moatti, l’architecte-scénographe choisi pour requalifier l’ensemble, « ne pas détruire, c’est le premier acte écologique aujourd’hui » [3]. A son actif, la réhabilitation du Château Borély à Marseille pour accueillir un musée d’arts décoratifs (2013), la transformation d’une ancienne manufacture à Calais en Cité internationale de la dentelle et de la mode (2009), ou la création du musée Champollion, à Figeac, dans une maison du 14ème siècle (2007).

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Les Franciscaines, Philippe Augier, maire de Deauville, 2022

Pour Philippe Augier, maire de Deauville depuis 2001 (de droite, puis sans étiquette), c’est le couronnement d’une longue stratégie : « Les Franciscaines, c’est un élément d’attractivité extraordinaire qui cristallise une politique culturelle de 20 ans. Il y a 25 ans quand je suis arrivé, Deauville, comme toutes les stations balnéaires, vivait deux trois mois l’été. Les casinos faisaient un peu de culture. Le concert du samedi soir, du théâtre de boulevard, les tournées des chanteurs de variétés, c’était ça la culture. Le reste de l’année, il n’y avait rien. Ca a été un très long chantier ». A noter, cependant, que Trouville, ville voisine, accueille depuis 1972 un musée dans la Villa Montebello autour de la naissance des bains de mer et du développement de la villégiature sur la Côte Fleurie.

« NE PAS DÉTRUIRE, C’EST LE PREMIER ACTE ÉCOLOGIQUE »
L’ensemble d’origine des Franciscaines se compose de trois bâtiments assez banals de la fin du 19e siècle (1876-1897), ni inscrits, ni classés au titre des monuments historiques, situés à 10 minutes à pied du centre ville. Néo-gothique et néo-roman par endroit, pour partie paré de briques jaunes, il arbore un style plutôt austère en comparaison des fantaisies du patrimoine balnéaire des alentours. A noter cependant le joli toit en ardoise au-dessus du couvent, où se succèdent des lucarnes à fronton triangulaire. Le parti pris, explique le maire, a été de conserver et de restaurer les façades et les principaux volumes, tout en les adaptant aux besoins du projet. Et d’en sauvegarder l’âme. Avec succès, si l’on en croit les soeurs venues découvrir le lieu lors de l’inauguration en mai 2021. « Tout est transformé en respectant le passé », a dit l’une d’elles, touchée que les noms religieux aient été conservés pour désigner des espaces comme le réfectoire, le cloître ou la chapelle [4]. Plusieurs, d’ailleurs, fréquentent maintenant l’endroit.

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Entrée des Franciscaines l Son comptoir d’accueil

Dès le parvis qui s’ouvre sur la rue, se substituant au mur d’enceinte d’origine, c’est la modernité qui accueille le public. Tranchant radicalement avec les façades anciennes, deux grands totems blancs, comme de hautes portes, attirent l’attention en signalant l’entrée. Les Franciscaines apparaît d’abord comme une médiathèque. On remarquera le comptoir d’accueil constitué de vrais livres échappés d’un désherbage ! Le public est aussitôt immergé dans des volumes clairs, lumineux et attiré par l’ancien cloître, ou plutôt son jardin intérieur, transformé en hall au mobilier design et surmonté d’un spectaculaire plafond-lustre composé de 14 285 tubes transparents, évocation d’un nuage de ciel normand. Salle de lecture de la presse, de rencontre et de détente, l’espace est facilement adaptable pour accueillir des événements : repas, animations, spectacles, privatisation...

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Les Franciscaines : cloître (auj. et en 1960), grande galerie et réfectoire

Des ouvrages à consulter et à emprunter, on en trouve dès le rez-de-chaussée. Ce sont les romans courant le long des murs du réfectoire adjacent mué naturellement en café-restaurant avec son unique et longue table immaculée qui, en dehors des heures de repas, se mue en salle de lecture ou de réunion.... Le restaurant se prolonge à l’extérieur, disposant d’une terrasse à l’arrière du bâtiment. De l’autre côté du hall, sur le même plan, on accède à la chapelle aux vitraux conservés, sauf un qui a rejoint le nouveau domicile des soeurs, transformée en auditorium de plus de 200 places, aux gradins rétractables, pour accueillir concerts, pièces de théâtres, conférences, lectures…

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Les Franciscaines, boutique et auditorium, 2022

Séparé par une élégante librairie-boutique, le cloître se double d’un espace jumeau destiné à accueillir des expositions temporaires - jusque début juin 2022, « Vous êtes un arbre ! », entre art, philosophie et science, avec des prêts de grande qualité -, avec ses arcades recréées par Alain Moatti dans l’ancienne cour de récréation de l’école. L’architecture d’origine se devine ça et là. Au plafond cette fois, un puits de lumière modulable. Des cimaises amovibles permettent toutes les configurations.

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Les Franciscaines, exposition « Vous êtes un arbre ! », 2022

MI-MUSÉE, MI-MÉDIATHÈQUE, UNE MISE EN COMMUN DES MÉDIAS
Au-dessus du cloître, la médiathèque occupe deux niveaux, constituant la partie la plus innovante de l’établissement. Si les 70 000 documents disponibles (livres, CD, DVD) sont répertoriés selon la classification habituelle des bibliothèques, ils sont organisés en 5 univers thématiques liés pour partie à l’identité de la ville : Deauville, Cheval, Spectacle-Cinéma, Art de vivre, Jeunesse. Chaque univers se matérialise par une couleur qui se retrouve dans un mobilier à chaque fois unique, constitué d’assises et d’une large alcôve avec coussins, sans rompe l’unité d’ensemble. La position allongée n’est pas tabou puisqu’on trouve, à certains endroits, des couchettes au dossier relevé. Ce qui plait au maire, qui y voit un signe d’adhésion : « Les gosses s’allongent, les gens s’endorment en lisant... » Les étagères ne sont pas rectilignes mais courbes - Alain Moatti les nomme « rubans » -, ce qui accroît l’impression enveloppante et permet de dégager des espaces plus intimes à l’arrière, avec tables collectives, bureaux individuels ou espaces de projection. Mais sans doute la plus grande originalité réside dans le fait d’avoir mêlé livres, supports numériques et oeuvres d’art. « Une mise en commun des médias », selon Alain Moatti.

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Les Franciscaines : la médiathèque-musée, 2022

Huit bornes sont à disposition du public, sous forme de tables ou d’écrans, pour explorer les collections numérisées, avec la possibilité de sélectionner des images diffusées ensuite sur des écrans situés en hauteur de la grande galerie du rez-de-chaussée. Plus étonnant, une centaine de tableaux, photographies et objets d’art sont exposés avec cartels comme dans un musée classique, dans des caissons adaptés (sans vitres) intégrés aux étagères ou des vitrines. Pas de manière décorative mais contextualisés. Ainsi l’univers Deauville accueille le public avec un portrait du duc de Morny, fondateur de la ville, accompagné d’une sélection d’ouvrages le concernant. « On peut rentrer dans un sujet à travers plusieurs axes, notamment celui du document ou de l’œuvre. Cela crée plein de possibilités pour le public », explique Caroline Clémensat, directrice générale des Franciscaines qui a suivi le projet depuis sa genèse comme directrice générale adjointe de la Ville de Deauville depuis plus de 15 ans.

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Les Franciscaines, tableaux intégrés à la médiathèque, Duc de Monry et Suzy Solidor, 2022

Plus loin, on trouve un portrait par Kisling de la chanteuse Suzy Solidor qui débuta sa carrière dans les années 1930 à Deauville, accompagné de CD et de livres [5]. Là, des scènes campagnardes s’accompagnent d’ouvrages sur la Normandie d’autrefois. L’Univers Cheval, qui dispose d’un fonds documentaire de référence reconnu par la BnF, expose tableaux de courses, figurines et autres artefacts… Ainsi dans toute la médiathèque. La cohabitation fonctionne très bien. Les œuvres ne sont pas écrasées par les livres. Le confort visuel est soigné, le public déambule dans un environnement calme. On sent que tout a été savamment pensé, ce ne sont pas juste des tableaux accrochés ça et là. En plus de ses comités de réflexion, la ville s’est faite accompagnée, pour l’élaboration du projet global, par une société spécialisée, AP’Culture. Pourquoi le concept de fusion médiathèque-musée n’a pas été poussé jusqu’à intégrer une artothèque pour le prêt d’oeuvres ? On nous répond que le fonds ne s’y prête pas et que ce serait concurrencer une artothèque qui existe déjà depuis 20 ans avec succès, non loin de là, aux Dominicaines de Pont-l’Evêque.

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Les Franciscaines : la médiathèque-musée, 2022

D’autres espaces d’exposition cohabitent avec la médiathèque, plus traditionnellement séparés et d’accès payant. La Galerie des Maîtres, donnant sur le cloître, qui présente jusque début juillet 2022 des œuvres de Nadia et Fernand Léger. Puis, dans une adjonction moderne, le musée André Hambourg (1909-1999) qui, sur deux niveaux, découvre une centaine d’œuvres de ce peintre officiel de la Marine, au style figuratif classique, attaché à la région. C’est la donation de sa veuve en 2011 qui a motivé la ville à élaborer un projet muséal. Nicole Hambourg fit don de 4000 dessins et peintures de son mari, et d’une collection privée de 500 oeuvres d’artistes parmi lesquels Marie Laurencin, Foujita, Van Dongen ou Derain [6].

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Les Franciscaines, le musée André-Hambourg, 2022

Depuis la donation Hambourg, Deauville procède à des acquisitions liées à son histoire et centrées sur la peinture figurative des 19e et 20e siècles : Eugène Boudin, Paul Signac, André Lhote, Moïse Kisling, Raoul Dufy… Outre une collection de photographies enrichies continuellement grâce au festival Planches Contact lancé en 2010, la ville bénéficie de donations, comme celle d’Isabel et Louis Romanet, directeur général de France Galop puis Président de la Fédération Internationale des autorités hippiques, et de dépôts importants, comme celui de l’association Peindre en Normandie composé 187 peintures de Renoir, Monet, Boudin, Géricault, Courbet, Corot…

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Les Franciscaines, échantillon de la donation Romanet, 2022

Ainsi la ville s’est constitué un musée comptant aujourd’hui près de 7000 pièces. Malgré que les espaces d’exposition respectent les normes requises d’hygrométrie et de sécurité (système RAMSES), y compris parmi les livres, Deauville a renoncé à demander au ministère de la Culture le label « Musée de France », sans que cela ne remette en cause le projet. « C’est un cadre juridique assez contraint, explique Caroline Clémensat. Il aurait fallu occulter une partie de notre projet, il sortait du cadre ». Il y avait cependant un obstacle statutaire majeur puisque, jusqu’à l’été 2021, le musée, bien que disposant d’une équipe de 3 professionnel·les, n’était pas dirigé par un personnel scientifique issu de la filière culturelle territoriale ou nationale (conservateur ou attaché de conservation) comme l’exige le label [7]. Et le poste, depuis vacant mais bientôt pourvu, n’exigeait pas ce statut selon sa fiche de recrutement [8]. La responsable des Franciscaines tient cependant à relativiser : « On débutait la constitution de notre collection, c’était peut-être prématuré. Je crois qu’aujourd’hui, si on retentait la démarche, au regard du résultat, il y aurait moins de difficultés ». Ceci dit, elle n’en voit pas la nécessité.

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Les Franciscaines : la ludothèque et un espace de projection, 2022

Peu importe. La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a marqué son intérêt au projet en visitant le chantier en septembre 2020. De même pour les services de la Drac. L’établissement traitant déjà avec de grands musées pour des prêts (Orsay, Louvre, Centre Pompidou) et répertorié dans le réseau des musées de Normandie avec lesquels il est également en contact, est sollicité par des pairs, curieux de son modèle innovant. C’est le cas notamment d’Arras qui, souhaitant évoluer vers plus d’interconnexion entre son musée des Beaux-Arts et sa médiathèque réunis dans l’abbaye Saint-Vaast dont une partie, inoccupée, devrait se muer en hôtel, a subi des attaques verbales parfois violentes. Deauville n’a pas dû faire face à ce genre d’opposition (à part une association, « SOS Saint-Joseph », née en 2010 sans laisser de trace), sans doute parce que le projet a été créé ex nihilo. Autre avantage pour Les Franciscaines, la stabilité politique de l’équipe municipale qui a réussi à mobiliser plus de 25 millions d’euros pour sa concrétisation dont 8,5 millions de subventions publiques et 1,25 de mécénat, pour un équipement qui, au-delà des 3500 habitant·es de Deauville, s’adresse à toute la région et aux touristes [9].

« UNE NOUVELLE TYPOLOGIE D’ÉTABLISSEMENT CULTUREL »
A tout ce dispositif hybride, il faut ajouter un fablab équipé d’outils de fabrication numérique (imprimantes 3D, découpeuse laser, brodeuse…), composante d’une Micro-Folie intégrée aux Franciscaines, avec son musée numérique accessible selon la programmation [10]. Animé par une fabmanageuse, le fablab propose des ateliers de découverte (module gratuit) et de fabrication pour tous les âges.

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Les Franciscaines : le fablab, 2022

Devant cette multi-activités déployée en un seul endroit, on ne peut s’empêcher de penser aux tiers-lieux, ces nouveaux équipements polyvalents qui fleurissent depuis une quinzaine d’années partout en France, largement soutenus par l’Etat. S’il ne s’agit pas ici d’initiatives citoyennes, caractéristiques de la plupart des tiers-lieux, Deauville revendique d’avoir créé « une nouvelle typologie d’établissement culturel ». Le dossier de presse développe le concept : « Un lieu accessible, transgénérationnel où le visiteur devient acteur de son expérience. À cette volonté d’ouvrir la culture, de décloisonner ses frontières, de bouleverser ses rites et ses dogmes, le projet culturel des Franciscaines ajuste une stratégie de programmation transversale qui croise dans une constante interaction, les expositions, les collections, les spectacles et leurs prolongements à travers différents rendez-vous ». Si le concept n’est pas nouveau - il est même à l’origine de la création en 1977 du Centre Pompidou, limité cependant à faire cohabiter diverses activités culturelles dans un même bâtiment -, jamais aucun établissement français n’a poussé aussi loin la fusion entre un musée et une médiathèque, même si de plus en plus nombreuses sont les médiathèques à proposer de véritables expositions dans leurs murs. Les bibliothèques sont plus avancées que les musées, aussi bien dans la réflexion que dans l’évolution de leurs missions et de leurs cadres, avec l’émergence depuis plus de 10 ans de la notion de Troisième Lieu.

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Les Franciscaines, musée-médiathèque, 2022

Quand on interroge le maire sur ces questions, la réponse fuse : « Oui, on se considère plutôt comme un tiers-lieu, sans aucun doute. Même si jamais personne ne s’est mis d’accord sur la définition du tiers-lieu, je le considère un peu comme tel. Un tiers-lieu culturel. » Alain Moatti n’est pas loin de rejoindre son avis : « Aujourd’hui, on parle beaucoup des hyper-lieux, qui ont des strates de connaissance et une intensité conviviale. Les Franciscaines sera de ce point de vue un lieu assez unique » [11]. Caroline Clémensat se veut plus nuancée : « Nous créons un nouveau modèle, sans forcément entrer dans la définition du tiers-lieu ». En aparté, elle évoque différents établissements qui ont accompagné la maturation du projet : « La mixité de la Gaîté Lyrique nous a inspirés. Pour l’aménagement de l’auditorium, nous sommes allés voir la Maison des Métallos. Le CentQuatre et son foisonnement a été également une source d’inspiration mais aussi des lieux plus commerciaux, comme des grandes galeries en Belgique. Et des choses plus locales comme la médiathèque du Havre qui est magnifique… Un tableau de tendance très divers dont on a fait part à l’architecte ».

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Les Franciscaines : Caroline Clémensat, capture d’écran

Si l’on considère le modèle organisationnel des Franciscaines constitué en EPIC (établissement public local à caractère industriel et commercial), il n’a rien d’un tiers-lieu qui fonctionne plutôt sur un mode horizontal, type association ou coopérative. D’ailleurs, Les Franciscaines, en dehors d’un accès libre à la médiathèque, reste d’accès payant pour le reste. Cependant, le maire insiste sur la vocation sociale du lieu, au-delà même de son aspect presque luxueux : « C’est bien que ce soit esthétiquement agréable mais moi ce qui m’intéresse avant tout, ce sont les usages culturels. On a créé Les Franciscaines en partant de l’idée que la culture doit être au centre de la vie sociale, non seulement pour tout ce qu’elle permet d’acquérir comme connaissances... Je pense que c’est un élément fondamental de l’égalité des chances ». Faut-il voir dans le recours par la ville à son club de bénévoles pour faire vivre le lieu, en plus des salarié·es notamment de la médiation au nombre de 4, une manière d’y associer la population ? Présents tous les jours, « ils renseignent, accueillent les visiteurs et partagent leur passion pour l’art et le lieu », indique la directrice générale.

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Les Franciscaines, Univers Cheval

Très séduisant quand on le découvre, il sera intéressant de voir comment le centre des Franciscaines va évoluer, s’il crée des vocations et fait bouger les lignes. En sept mois d’ouverture, 125 000 entrées ont été comptabilisées en 2021. Pour ses responsables, qui visent les 250 000 entrées par an, c’est déjà un succès. Le maire s’en réjouit : « On est plutôt heureux de la façon dont cela fonctionne. L’écrin est créé, on sait que ça marche parce que les gens ont envie de s’installer. Après, notre ambition est que les contenus soient à la hauteur du lieu ». C’est vrai qu’on a de suite envie de s’y poser et d’y passer la journée. Qui ne rêverait d’avoir un tel lieu près de chez soi ?

LES FRANCISCAINES
145 B, avenue de la République
14 800 Deauville

Ouvert du mardi au dimanche, 10h30-18h30 / Fermé les lundi, le 25 décembre et le 1er mai
Accès gratuit à l’espace médiathèque / Emprunt payant (Pass Friendciscaines)
Accès payant au musée André Hambourg et aux expositions
contact@lesfranciscaines.fr
Accueil : +33 (0)2 61 52 29 20
lesfranciscaines.fr

Pass Friendciscaines (annuel + avantages) : individuel, 60€ / famille(4), 100€ / jeunes & étudiant·es, 12€ / minimas sociaux, 12€ / entreprise, 55€
Musée André Hambourg : 8€/3€
Exposition « Nadia et Fernand Léger », jusqu’au 3 juillet 2022 : 5€
Pass journée 3 expositions (valable 24 h) : 15€/13€/9€

« VOUS ÊTES UN ARBRE ! »
Exposition : 12 mars - 5 juin 2022
Tarifs : 10€/8€//3€
Ouvert du mardi au dimanche de 10h30 à 18h30
Commissariat : Thierry Grillet.

:: Bernard Hasquenoph | 5/05/2022 | 18:39 |

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EN COMPLÉMENT

Conditions de visite :: 11 mars 2022, sur invitation de l’Agence anne samson communications : train, déjeuner, visite, catalogue.


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NOTES

[1] Horizon - Magazine de la Ville de Deauville, n°62, 12. 2012.

[2] « À Deauville, un pôle culturel chez les sœurs franciscaines », Ouest-France, 10.11.2012.

[3] Dossier de presse, Les Franciscaines, 2021.

[4] “Deauville. Les Franciscaines, « un petit coin de paradis » pour les religieuses de la congrégation”, Le Pays d’Auge, 14.05.2021.

[5] Ce tableau a été acquis par la ville pour 36 400 € dans une vente aux enchères en 2015.

[6] Par ailleurs, le couple Hambourg a fait don en 1988 de près de 370 œuvres au musée Eugène Boudin à Honfleur. En 2006, Nicolas Hambourg fit un don important au musée national de la Marine (Deauville Magazine n°79, 12.2020).

[7] Le musée des Franciscaines a été dirigé durant 3 ans et demi, de 2018 à 2021, par Lynda Frenois, auparavant directrice du château de Vaux-le-Vicomte.

[8] Le ou la responsable du musée était amenée à encadrer une équipe resserrée comptant un régisseur des œuvres, une chargée de production des expositions et un chargé des collections. Cette équipe serait aujourd’hui au nombre de 5.

[9] Subventions publiques : Etat, Région Normandie, Département Calvados, DRAC, Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire (FNADT), Europe. Mécénat recherché en partie avec le soutien de la société Hopening : Arqana, Etat du Qatar (Ministère des Affaires étrangères), Fondation Total via la Fondation du patrimoine, Crédit Agricole Normandie via la Fondation Crédit Agricole-Pays de France, Fondation Engie, SETDN Veolia Eau, EDF.

[10] Une Micro-Folie est un dispositif numérique destiné à sensibiliser le plus grand nombre à l’art, inventé par La Villette et soutenu par le ministère de la Culture.

[11] Dossier de presse, Les Franciscaines, 2021.



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« La fonction du musée est de rendre bon, pas de rendre savant. » Serge Chaumier, Altermuséologie, éd. Hermann, 2018
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