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19.10.09 | SANS DOUTE l’exposition est belle. Mais d’un prix exorbitant pour un musée public : 15€ ! Qui plus est pour un établissement se situant en dehors de Paris, ce qui entraîne pour la plupart des visiteurs des frais supplémentaires de transport. 15€ quand les grandes expositions du Grand Palais, à Paris, comme en ce moment Renoir, ne dépassent pas les 11€. Alors pourquoi ?
Parce qu’en payant l’accès à l’exposition « Louis XIV, l’homme et le roi », vous payez en plus automatiquement pour la visite du Château, et inversement. Que vous ne le vouliez ou non, cela est imposé. Cette anomalie qui heurte le bon sens et ne respecte pas le visiteur repose sur une décision du conseil d’administration du Château où siègent représentants du ministère de la Culture et de l’Etat, préfet, conseiller de la Cour des comptes, etc., présidé par Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture [1]. Parce que nous estimons que c’est une pratique illégale au regard du Code de la Consommation [2], nous avons saisi cet été la Direction Régionale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DCCRF) des Yvelines qui a enregistré notre plainte et déclenché une enquête. L’affaire suit son cours, non sans pression.
Sachez qu’en 2006, il y a seulement trois ans, l’exposition « Splendeurs de la Cour de Saxe » qui se tenait exactement dans les mêmes salles qu’aujourd’hui « Louis XIV » coûtait 8€, soit moitié moins, ce qui était un prix raisonnable. Parce que la visite du Château n’y était pas jointe et imposée.
Il faut aussi savoir qu’aujourd’hui, le Château de Versailles ne tolère aucune gratuité pour visiter cette exposition, hormis pour les enfants de moins de 10 ans. Toutes les autres catégories se voient proposées un « Forfait culturel » à 7 € qui leur impose un audioguide. C’est également le cas pour tous les visiteurs payeurs du Château, ce qui, de notre point de vue, constitue une seconde infraction au Code de la Consommation. Le « Forfait culturel Exposition + Audioguide » concerne les publics bénéficiant dans nombre de musées nationaux, même pour les expositions temporaires, d’exonérations ou de réductions liées à leur condition sociale ou professionnelle : personnes handicapées, minima sociaux, chômeurs, artistes... Ici tous à la caisse. Y compris les jeunes européens de moins de 26 ans et les enseignants qui viennent d’obtenir la gratuité en avril dernier mais uniquement pour les collections permanentes des musées et monuments nationaux. Et cerise sur le gâteau, idem pour les journalistes et critiques d’art, du jamais vu.
La seule réduction possible pour tous mais perdu sur le site Internet du Château court à partir de 15h : le billet Château + Expo passe alors à 11€50. Encore cher. [Constaté le 05.11.09 | cette information apparaît enfin à la page Tarifs]. La réduction pour tous passe à 13€ à partir du 1er janvier 2010.
PINGREGRIE ET GRATUITÉS
Devant les protestations déclenchées par cette politique invraisemblable à l’heure où l’on ne cesse de parler Démocratisation culturelle, le Château de Versailles, sans rien corriger à ses pratiques sur le fond, concède cependant quelques avantages. Histoire de faire avaler la pilule.
Le visiteur muni du ticket d’entrée pour l’exposition « Louis XIV » à Versailles, bénéficie du tarif réduit pour la visite de l’exposition « Fastes Royaux, la collection des tapisseries de Louis XIV » qui se tient aux Gobelins, à Paris, jusqu’au 15 novembre 2009. Soit 4€ au lieu de 6€, sachant que l’accès des Gobelins est gratuit pour tous le dimanche 25 octobre 2009, comme le dernier dimanche de chaque mois.
Réciproquement, le visiteur muni du ticket d’entrée pour l’exposition des Gobelins bénéficie du tarif réduit pour l’exposition de Versailles, soit 11,50€ au lieu de 15€, ce dont tout le monde peut profiter à partir de 15h tous les jours d’ouverture. Quel avantage ! Mais saluons au moins le geste. La réduction pour tous passe à 13€ à partir du 1er janvier 2010.
D’autre part, à compter de novembre 2009, le « Domaine de Marie-Antoinette » (Grand Trianon et jardins, Petit Trianon, jardins et Hameau) sera gratuit pour tous le premier dimanche du mois, au moins jusqu’à février. Cette pseudo-générosité ne fait que rétablir, ne serait-ce que pour les jardins, une situation qui avait cours tous les jours avant la création de cet espace commercial en 2006 et qui ne cesse de nourrir la colère des riverains et amoureux du site. La seule nouveauté à saluer est donc la gratuité inédite des deux châteaux de Trianon.
En revanche, cette disposition ne concerne pas la visite du Château qui reste payant ce jour-là. Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi Versailles échappe à la gratuité du premier dimanche du mois instauré en 2000, suivant l’exemple du Louvre, dans tous les musées nationaux par Catherine Trautmann, alors ministre de la Culture. La mesure visait à élargir l’accès de tous à la culture et prolongeait la même gratuité appliquée, depuis octobre 1999, dans les cent monuments nationaux. Le Château de Versailles comptait bien alors dans la liste.
Mais, rapidement, dès 2001, le Centre des monuments nationaux réussit à obtenir une dérogation pour 27 de ses établissements à forte fréquentation touristique, dont le Château de Versailles. Dans les autres monuments nationaux, cette gratuité du premier dimanche du mois fut réduite à la période d’octobre à mars [3]. Comme quoi, l’accès libre à la culture reste toujours à conquérir. Comme du temps de Louis XIV où jardins et château étaient ouverts à tous.
[Constaté le 05.11.09 | Suite à cet article, le Château de Versailles a étendu la gratuité du premier dimanche du mois de novembre à février aux Appartements du Dauphin, de la Dauphine, aux Appartements de Mesdames, à la Salle du sacre, Galerie des Batailles, et Salle 1830]
Vous pouvez envoyer un mail de protestation : accueil.public@chateauversailles.fr
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Louis XIV au Château de Versailles : tarifs, horaires, accès cliquez ici
[1] Le conseil d’administration du château de Versailles, fixé par décret, est constitué, outre du président de l’établissement, de cinq représentants de l’Etat (le directeur des musées de France ou son représentant, le directeur du patrimoine ou son représentant, le secrétaire général du ministère chargé de la culture ou son représentant, le directeur du budget ou son représentant, le préfet des Yvelines ou son représentant) ; d’un conseiller d’Etat désigné par le vice-président du Conseil d’Etat et un conseiller maître désigné par le premier président de la Cour des comptes ; de cinq personnalités choisies en raison de leur compétence ou de leurs fonctions, dont une en raison de sa connaissance des publics des musées nationaux, désignées par arrêté du ministre chargé de la culture ; de deux membres des corps des conservateurs généraux ou des conservateurs du patrimoine, désignés par arrêté du ministre chargé de la culture, l’un parmi les conservateurs du musée de Versailles, l’autre parmi les conservateurs généraux chargés de mission à l’inspection générale pour les monuments historiques ; de trois représentants du personnel élus dans des conditions fixées par arrêté du ministre chargé de la culture ; du maire de Versailles. Décret n°95-463 du 27 avril 1995 portant création de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, article 13).
[2] « Il est interdit de refuser à un consommateur la vente d’un produit ou la prestation d’un service, sauf motif légitime, et de subordonner la vente d’un produit à l’achat d’une quantité imposée ou à l’achat concomitant d’un autre produit ou d’un autre service ainsi que de subordonner la prestation d’un service à celle d’un autre service ou à l’achat d’un produit. » Article L122-1 du Code de la Consommation.
[3] « Les tarifs de la culture » sous la direction de François Rouet, MINISTÈRE DE LA CULTURE / LA DOCUMENTATION FRANçAISE | 2002.